D’après l’exposition « Les momies ne mentent jamais », Cap Sciences

 

Cher lecteur, chère lectrice,

Tu viens de perdre un ancêtre que tu aurais bien aimé garder un peu plus longtemps ? J'ai la solution pour toi ! Elle est un peu sanglante, mais très efficace ! Vois-tu, aujourd'hui je vais te donner la recette pour la garder à tes côtés encore très (très) longtemps ! Et oui, nous allons suivre le processus de momification de la civilisation sud-amérindienne Chinchorro qui a vécu au Chili entre 10 000 et 3 400 ans avant JC (il y a donc fort, fort longtemps).

 

Corps de Sirène, Musée Maritime, Helsingor, Danemark

 

Pour momifier ton ancêtre tu auras besoin de :

  • Un ancêtre
  • De l’eau (une grande carafe, on ne sait jamais dans quel état est le/la mort.e)
  • Un grand récipient d'eau salée (5 litres, selon la taille du/de la mort.e)
  • Un désert (ou des charognards, tout dépend du paysage autour de ton lieu d'habitation)
  • Un couteau (qui coupe vraiment bien)
  • Une paire de gants (sauf si vraiment, le sang ou les maladies ne te posent pas de problèmes)
  • Un sèche cheveux
  • 5 morceaux de bambou (de la taille des membres du mort de préférence)
  • De la ficelle
  • Du fil et une aiguille
  • De la pâte végétale (un gros pot)
  • De l'argile
  • Un bâtonnet type potier
  • Des pigments (de la couleur que tu préfères, pour les Chinchorros c'était noir à partir de 6000 avant JC, deux millénaire plus tard c’était rouge et 500 ans plus tard ils choisissaient d’utiliser de la boue)
  • Une brosse

 

© Margot Coïc, image d'une momie Chinchorro

 

Une fois que tu as réuni tout ce matériel, assez hétéroclite certes, nous pouvons passer à la recette :

La première étape est de nettoyer le corps, si tu l'as gardé c'est qu'il n'est pas passé entre les mains d'un croque-mort et on ne sait pas trop dans quel état il est, personnellement je te conseillerai de demander à quelqu'un qui ne connait pas le défunt.e de s'en occuper mais bon (à moins que tu aies quelques contacts et dans ce cas là : bien joué !).

Ensuite (tiens toi bien), incise (avec délicatesse)  la peau au niveau du cou des poignets et des pieds. Passe tes mains sous la peau des chevilles et tire la peau d'un coup sec, mais délicat, afin de la retirer, comme un pyjama. La peau humaine est très fragile, il ne s'agirait pas de la déchirer. Retire ensuite la peau du visage, des pieds et des mains et dépose le tout dans ton grand récipient plein d'eau salé, après avoir retiré les cheveux. Range le pour plus tard.

Découpe le bas du ventre, glisse tes mains sous la chaire et les muscles et retire les organes. Selon ton envie, ou ton humeur du moment, tu peux soit les abandonner dans ton désert, soit les déposer tout autour de ta table d'opération pour décorer (chacun son style, n'est-ce-pas ?). Il te reste tout de même le cerveau, les Chinchorros laissaient le crâne intact car ils passaient par la jonction entre les vertèbres et le crâne, c'est à cet endroit précis que tu vas inciser la chaire pour récurer le crâne et retirer le cerveau (il ne faudrait pas que ça pourrisse !). On utilise donc le même procédé que pour la citrouille d'Halloween !

La quatrième étape porte le très sympathique nom suivant : le démembrement (à toutes les personnes qui ont eu le plaisir de démembrer des barbies, amusez-vous !) un petit coup de sèche-cheveux au niveau des articulations, une petite incision pour les nerfs et c'est parti : on tire d'un coup sec ! CRAC ! Pour la tête, les bras et les jambes. On abandonne le tout dans un désert (ou si vous avez un petit élevage de loups, de tigres ou de lions - je ne le dirais pas à Brigitte Bardot promis !), pour que les charognards mangent la chaire et retrouver dans quelques semaines des os bien propres et bien blancs !

Entre temps, amuse toi à tisser avec les cheveux une jolie perruque.

Quelques semaines plus tard, récupère ces membres. Il risque de manquer quelques phalanges, quelques petits os mais ce n'est pas très grave, ne t'inquiète pas. Assemble-les à nouveau dans l'ordre anatomique (sauf si tu as toujours rêvé de voir ta grand-mère avec des pieds à la place des bras). Attache chaque membre à un morceau de bambou grâce à la ficelle et plante le dernier dans le thorax avec la tête posée dessus. Une fois ton squelette tout assemblé recouvre le de pâte végétale afin de redonner du volume au corps.

Comme la pâte végétale c'est super glissant tu peux sortir la peau de son récipient et la glisser sur le corps à nouveau, avec délicatesse bien-sûr ! Ces deux dernières étapes permettent de redonner un aspect humain à ton ancêtre parce que jusque-là, avouons-le il n’était pas très sexy-chocolat.

Tu es prêt.e ? On passe au moment marrant. Avec de l'argile crée un masque et utilise ton bâtonnet pour dessiner les traits du visage (c'est l'occasion de donner à mémé un sourire ravageur !) saupoudre ensuite la peau de pigment noir, rouge ou bien de boue, selon la technique Chinchorro que tu préfères et frotte à l'aide d'une brosse.

Positionne ta perruque sur la tête et recoud les morceaux de peau qui se sont déchirés.

Voilà ton ancêtre est magnifique, prêt.e à prendre place sur ton fauteuil préféré pour l'éternité ! Tu peux aussi la sortir lors de pique-niques ou soirées familiales en tous genres en évitant les remarques pas toujours très politiquement correctes ! En tous cas les Chinchorros n'hésitaient pas à leur demander conseils quelle que soit la situation (genre, si tu devais épouser la voisine ou le voisin).

Après quelques temps ton ancêtre risque d'être un peu défraîchi, tu peux lui redonner un joli minois grâce à quelques produits cosmétiques spéciaux !

Je n'ai pas encore eu le plaisir de l'essayer sur mes ancêtres mais j'espère que ce petit DIY te sera utile le moment venu !

Margot Coïc

Cet article a été écrit à la suite de l’animation « À la table des Momies ». Merci à la médiatrice qui m’a tout appris sur la momification Chinchorro et qui a réponduà toutes mes questions pendant l’exposition.

 

Lien : http://www.cap-sciences.net/au-programme/exposition/les-momies.html

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