Vous allez découvrir « le truc » d’une apprentie en médiation et conception de médiation au Musée portuaire de Dunkerque.

Voilà mon truc. © L.T.

Pour devenir déléguée de classe, maire ou présidente de la République, parrain ou marraine dans certaines religions, il faut que chaque personne aille chercher au plus profond d’elle et couche sur papier sa profession de foi. Moi en tant qu’individu, d’après mon vécu et mes ambitions, quels projets et quelles propositions suis-je prête à mener ou faire pour servir et défendre La cause ? Quelles sont mes motivations et serai-je à la hauteur ? 

Lorsque vous décidez de vous lancer dans l’incroyable aventure de la Culture, vous n’avez pas assez de vos dix doigts pour compter le nombre de personnes qui vous disent : « mais c’est pas une voie bouchée ? », « tu sais, ce sont souvent des contrats précaires… », « 5 ans d’études pour gagner le SMIC, quand même ! », « mais d’où ça te vient cette idée ? »… Et pourtant, au bout de ces (minimum) cinq années d’études, peut-être ponctuées de crises existentielles, de remises en question pour savoir « mais oui, qu’est-ce que je fous-là ? », de moments de flottements et d’autres périodes dont je tairais le nom : vous êtes toujours là, toujours vivante, toujours debout. Bien que cela ne vous empêche pas de vous demander régulièrement pourquoi vous faites ça. Mais au fond vous savez…parce que, comme moi, vous avez trouvez votre truc, ce truc. 

Je ne peux écrire votre profession de foi à votre place mais peut-être vous retrouverez-vous dans la mienne. Cette profession de foi n’est une liste de mes résolutions professionnelles 2018 car comme beaucoup, je ne tiens pas mes résolutions. Non, cette profession de foi est plutôt une définition de ce qu’est mon truc, voire une déclaration d’amour (en tout bien, tout honneur). À regarder les modèles de profession de foi des candidats aux élections de délégué de classe : mes motivations, mes projets et propositions, ma présentation, j’ai trouvé l’inspiration pour en créer un nouveau genre. Voici donc ce qu’est mon truc. 

Ce truc, ce n’est pas ce qui me permet de me lever de bonne humeur tous les matins ou de m’empêcher de mettre six réveils... Ce truc, ce n’est pas ce qui va me rendre souriante et heureuse d’être collée à des inconnus dans le métro, de ne pas trouver de place libre dans le train ou d’être coincée comme chaque matin dans les bouchons… Ce truc, ce n’est pas ce qui va me permettre de ne pas finir mon mois le 15 ou de ne plus manger de pâtes à partir du 15… Non, définitivement, ce n’est pas ça mon truc. Bien sûr la liste de ce que n’est pas mon truc pourrait être plus longue mais je n’ai pas envie de me démotiver ou de laisser penser que finalement, ce n’est pas mon truc. Qu’est-ce donc alors ?

Mon truc, c’est de ne pas être découragée quand les gens me regardent avec de gros yeux parce qu’ils ne comprennent pas ce qu’est la muséographie ou la médiation culturelle. C’est d’être à chaque fois, oui à chaque fois, contente d’expliquer ce que c’est mon métier, de pouvoir faire découvrir et transmettre pour mon truc parce qu’au final, c’est ça aussi la médiation. Mon truc, c’est de ne jamais me lasser de raconter toujours la même explication à des membres de ma famille, des professionnels, des visiteurs quand on me demande ce que je fais et surtout de terminer en disant « j’ai trouvé mon truc ». Mon truc, c’est de rencontrer des gens de tout âge, de tout horizon social et géographique pour leur raconter une histoire pendant qu’ils me racontent la leur. C’est se sentir utile, tenter de faire des blagues qui ne fonctionnent pas vraiment…et pourtant ne jamais désespérer et croire que cela marchera un jour avec un autre groupe de visiteur. Mon truc, c’est accueillir les gens en souriant même si je n’ai pas le moral, commencer et finir une visite trempée par la pluie et bousculée par le vent. C’est entendre les gens me remercier et me dire qu’ils « se coucheront moins bêtes ce soir ! », c’est rire avec les enfants qui s’exclament que le corsaire dunkerquois s’appelle Jean-Luc ou Jean-Marc. Mon truc, c’est d’être sûre d’avoir le sourire en arrivant au bureau et de partager des moments avec des collègues qui ont le même truc que moi. C’est aussi de rêver la nuit des événements que j’organise, souvent des rêves qui se transforment en cauchemar…et de me rendre compte que je ne suis justement pas la seule au musée à qui cela arrive, non, c’est normal : « le métier qui rentre ». Mon truc est composé de mille trucs… 

Alors, au terme de cette définition non exhaustive, je me rends compte que je ne suis finalement pas avancée et incapable de savoir ce que c’est ce truc. Or, le plus important à retenir est qu’il ne suffit pas de pouvoir mettre des mots mais d’en ressentir toutes les facettes car comme dans la vie, le bonheur est fait de petits trucs.

Lucie Taverne

#apprentissage#mediation#2018