Coproduite par l'Institut des Sciences Naturelles de Belgique et le Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse, Bébés animaux adapte les connaissances scientifiques sur le sujet aux 3-8 ans, et développe un éventail de dispositifs à visée pédagogique. Le postulat de l'exposition (énoncé sur le fascicule donné à l'entrée du museum) est le suivant : "[...] pour bien comprendre ces histoires [celles des naissances animales et de leur diversité], il faut les vivre!" Les outils pédagogiques se doivent donc d'éveiller l'enfant par une pluralité d'actions à entreprendre : imiter, jouer, toucher, regarder, interagir. L'écart entre la conception, le sens des outils muséographiques et leur utilisation par les enfants fait l'intérêt de cette exposition. Dans cet intervalle perfectible émerge la question centrale du rôle du parent.

REGARDER / Séquencé en six parties visibles spatialement grâce à un code couleur au sol et à des titres conséquents, le parcours de l'exposition se déploie autour d'un axe médian constitué de vitrines. Cet outil muséographique incontournable du musée des sciences naturelles est ici adapté à l'âge du public ciblé par ses dimensions et ses codes de lecture.

Les vitrines sont composées d'une sculpture d'après nature du petit animal ; un cartel notifie le nom et l'apparence (sous forme de silhouette) de l'animal adulte ; une planche de quatre dessins spécifie les conditions et les étapes de la naissance, enfin, un court texte explicatif décliné en quatre langues (fr-nl-en-de) offre aux parents la matière nécessaire pour approfondir les connaissances de leur enfant. Ces vitrines permettent d'accéder rapidement à un nombre conséquents d'informations : la diversité des conditions et des étapes des naissances animales, d'appréhender l'aspect physique de celui-ci petit et adulte et d'apprendre les toutes premières étapes de son développement. Les vitrines sont pourtant désertées au profit d'autres modules plus ludiques.


Vitrines, la naissance, Bébés animaux, Muséum des Sciences naturelles, Bruxelles Crédits : O.L

 

IMITER / Dans la première partie (Naissance), l'enfant peut imiter le papa crapaud portant les œufs sur son dos. Pour se faire, il a à sa disposition une ceinture à scratch munie d'un petit plateau en mousse sur lequel il pose des balles. Ainsi harnaché de sa "progéniture" l'enfant peut suivre un parcours et reproduire dans un cercle figurant un sol de gravas le comportement du crapaud. L'idée plait aux parents, qui, s'ils ne vont pas jusqu'à se mettre accroupi et imiter le crapaud, tentent de motiver leurs enfants plus intéressés à jouer avec les balles en mousse.

INTERAGIR/ Les interfaces tactiles sont conçues par le Muséum des Sciences Naturelles de Bruxelles. Elles sont utilisées à trois étapes différentes du parcours avec à chaque fois un objectif et un message précis. L'interface proposée dans la seconde partie du parcours (Menaces et protection) témoigne de la difficulté de s'adresser à un public de jeunes enfants et de l'importance de l'accompagnement des parents.

Un écran tactile propose aux enfants de petites animations pour qu'ils prennent conscience des dangers et de la fragilité du monde animal. Après avoir choisi une langue, apparaît une série de silhouettes animales dessinées. En sélectionnant l'animal de son choix, l'enfant se voit proposer trois visages : un souriant, un triste et un s'esclaffant. Dans la première situation le petit animal survit de manière réaliste à un danger qu'il peut rencontrer couramment dans la nature (grâce à la protection de ses parents...). Dans la seconde situation, le petit animal meurt suite à une menace (prédateurs, dangers liés à l'environnement...). Dans la troisième situation, l'animal survit à l'aide d'un objet. On passe ici d'un scénario réaliste à un scénario dont le ressort est le gag. Le mélange des genres sert-il le propos de l'interface ? Il semble avoir pour but d'établir une frontière nécessaire entre l'imaginaire et le réel. Ces trois situations font sens les unes par rapport aux autres. Or, selon mes observations, l'enfant ne clique pas de lui même sur le visage triste qui, pourtant, est central dans la démonstration qu'opère subtilement l'interface tactile. L'outil pédagogique est à première vue adapté au public des 3-8 ans mais nécessite la présence d'un adulte soumettant à l'enfant l'idée de cliquer sur ce visage triste.

Module photographique, Apprentissage, Bébés animaux, Muséum des Sciences naturelles, BruxellesCrédits :  O.L

 

L'efficacité de la transmission des savoirs savamment distillés dans Bébés animauserait augmentée considérablement si un livret d'accompagnement, par exemple, pouvait être distribué aux parents à l'entrée. Leur rôle semble hélas sous-estimé dans cette intelligente et inventive exposition. Je garde un souvenir ému d'un module permettant de nous prendre en photo en train d'imiter la posture ou la mimique d'un animal, j'étais tombée sur la chouette. Ici, l'interface permet une identification par le mime réunissant petit(s) et grand(s).

 

Ophélie Laloy

 

Exposition  du 14-03-13 au 11-06-14

Institut Royal des Sciences Naturelles de Belgique

Muséum d'Histoire Naturelle de Toulouse

Lien pour l'exposition