Aventurez-vous au cœur de la Nuit au Muséum National d'Histoire Naturelle de Paris, jusqu'au 3 novembre 2014, pour y découvrir tous les secrets obscurs et magiques de ce moment particulier et de ce qui le menace.

©MNHN

Cette exposition mobilise plusieurs savoirs scientifiques de manière ludique : l'astronomie, la biologie, l'éthologie (étude du comportement des animaux), la physiologie (étude du rôle et du fonctionnement des organismes vivants), l’anthropologie (étude des relations entre l'homme et les animaux) et la neurologie. Elle associe sciences et imaginaire à travers les thèmes des divinités et des peurs nocturnes. C'est surtout l'occasion pour le musée de mettre en valeur ses collections : ainsi, c'est plus de 350 animaux naturalisés qui sont présentés, dont une cinquantaine ont été spécialement réalisés dans les ateliers de taxidermie du Muséum. Mais il s’agit aussi de sensibiliser le grand public aux problèmes liés à la pollution lumineuse…

 

Une nuit à la belle étoile

Vue de l'exposition ©Ludivine Perard

 

Depuis des siècles, le passage du jour à la nuit fascine l'Homme. De nombreux mythes évoquant ce spectacle nocturne sont présents dans l'exposition. Pour les Navajos, par exemple, les milliers d'étoiles dans le ciel étaient des galets que les animaux, à la demande du Grand Esprit, avaient placés dans le ciel lors de la création du monde. Le visiteur commence son voyage au clair de lune pour découvrir au fil de la visite tous les mystères du ciel : la course du soleil, les secrets de la lune et ceux des étoiles. Le visiteur endosse ainsi l'habit de l'astronome de retour chez lui, grâce aux différentes bases qu'il peut acquérir en astronomie dans cette première partie de l'exposition. Seule la pollution lumineuse qui efface les étoiles est encore susceptible de lui faire perdre son chemin dans le cosmos.

 

Une nuit dans la nature

Les animaux nocturnes ©MNHN

 

L'exposition se prolonge par une balade dans une forêt peuplée d'animaux nocturnes. De nombreux dispositifs, jeux et vidéos nous donnent des renseignements sur leur mode de vie. Un grand nombre de familles y sont représentées tels que les poissons de nuit, les primates nocturnes, les chauves-souris mais aussi les fleurs, avec des nombreuses plantes qui s'ouvrent le soir et se referment au petit matin. Des petits cabanons mettent en éveil tous les sens du visiteur - vue, ouïe, odorat et sixième sens - des dispositifs multimédias, sonores et olfactifs font vivre au visiteur la vie nocturne des animaux.

Le visiteur reçoit des informations sur la vue des animaux dans le noir et a la possibilité d'être nyctalope comme certains d'entre-eux. Puis, il écoute leurs chants, instrument essentiel pour percevoir leur environnement et découvrir la manière dont ils communiquent entre eux. Le visiteur sent ensuite l'odeur des fleurs et prend conscience des mille parfums que sentent les animaux nocturnes. Faute de voir, sentir est efficace dans le noir. Enfin, les animaux ont aussi un sixième sens pour les aider la nuit ! Certains oiseaux utilisent un sens de l'orientation aussi précis qu'une boussole, les chauves-souris lancent un sonar, ce qui leur permet de détecter les obstacles, de capturer leurs proies, de s'orienter ou de communiquer dans l'obscurité.

 

Belle et douce nuit

Vue de l'exposition ©Ludivine Perard

 

Entre chien et loup, certains animaux sortent de leur habitat et partent en chasse tandis que d'autres plongent dans un sommeil profond. Les animaux vivant en groupe ont l'habitude de se rassembler le soir pour dormir ensemble et ainsi se protéger. D'autres à l'inverse, préfèrent dormir en équilibre comme les girafes, en volant comme les martinets, en nageant comme les cygnes ou dormir avec un demi-cerveau en veille pour être prêt à s'enfuir à la moindre alerte.

Le visiteur y apprend les différentes phases du sommeil dans le règne animal. Par exemple, le sommeil des oiseaux et des mammifères comprennent deux phases : le sommeil lent car l'activité du cerveau est lente, et le sommeil paradoxal où le cerveau est actif et rêve. Chez l'homme, un cycle dure environ 90 minutes pour 125 minutes chez l'éléphant alors que chez la souris 5 minutes seulement sont nécessaires pour achever ce cycle. Cette partie de l'exposition traite aussi du sommeil de l'homme et lui donne des conseils pour passer une bonne nuit. En effet, dormir est essentiel pour notre organisme, notre corps a besoin de se reposer, de se régénérer et d'éliminer toutes les toxines. A ce moment de l'exposition, les troubles qui perturbent le sommeil comme des cauchemars mettant en scène de personnages fantastiques sont présentés...

 

Dans la pénombre de la nuit

Une exposition peuplée de créatures imaginaires ©Ludivine Perard

 

Qui n'a jamais eu peur du croquemitaine dans son placard ou des vampires, chauves-souris, loups-garous et autres créatures effrayantes qui se cachent derrière chaque ombre ? De nombreux mythes se transmettent au fil des siècles, décrivant les monstres qui hantent nos songes et qui font peur aux plus petits. Ces peurs provoquent un sentiment d'insécurité et nourrissent l'imaginaire de l'Homme. L’exposition fait appel à l'humour pour dédramatiser ces peurs et montrer que ces montres sont inoffensifs. Un manuel de vampirologie et un grimoire sur les loups-garous accueillent les visiteurs et leur dévoilent l'origine et de nombreuses histoires sur ces deux mythes. Les visiteurs créent ensuite des ombres amusantes et jouent au loup-garou avec deux dispositifs de projections et de jeux d'ombres.

 

Menaces sur la nuit

Cette exposition met surtout en avant un phénomène qui la menace : les diverses pollutions lumineuses. Il en est même le fil conducteur afin d'alerter les visiteurs sur cette forme de pollution qui touche 20% du globe terrestre.

La pollution lumineuse ©Todd Carlson

 

Par peur des ténèbres, l’humain a voulu faire disparaître l'obscurité en inventant le réverbère au XVIIIèmesiècle et en installant des lampadaires un peu partout dans les villes et le long des routes, au péril du ciel. Cette quantité d'éclairage urbain a des conséquences atmosphériques. D'une part, une grande partie des étoiles ont disparu de la surface céleste. Si cet éclairage continue de gagner en intensité, nous ne verrons plusde ciel étoilé d'ici quelques années.

D'autre part, ce phénomène affecte l'horloge biologique des animaux, mais aussi des plantes, régulés par le cycle diurne / nocturne, ainsi que les comportements migratoires et les relations proies-prédateurs. De nombreuses espèces nocturnes sont alors perturbées, piégées ou repoussées par la puissance et la permanence des éclairages nocturnes. Les cassont nombreux : chouettes éblouies, oiseaux en perdition ou qui meurent en percutant des bâtiments, insectes attirés par la lumière et mourant d'épuisement... Ou alors ces lumières réduisent les territoires des animaux en les faisant fuir.

Heureusement, des solutions existent comme réduire le temps d'éclairage, diriger les lampadaires vers le sol et diminuer la puissance de la lumière. Un ciel plus sombre préserve à la fois le spectacle nocturne, la biodiversité et l'argent des citoyens.

 

Ludivine Perard

 

Pour en savoir plus :- Informations pratiques pour visiter l'expositionPour prolonger la visite : des jeux, des animations, des conférences ....

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