Scénographie d'exposition, Philip Hugues, éditions Eyrolles, 4 mars 2010

Lorsque Philip Hugues décide de réaliser un ouvrage sur la scénographie d’exposition, il le conçoit comme un guide. Scénographie d’exposition s’adresse à tous ceux qui s’intéressent au sujet  : de l’étudiant en design au professionnel de l’expographie, en passant par le passionné et l’apprenti créateur. Comme les visiteurs empruntent des routes diverses d’une exposition pour arriver au même but, les lecteurs peuvent aborder l’ouvrage par une lecture ordonnée et exhaustive, ou le lire en diagonale, feuilletant et regardant quelques illustrations ou encadrés particulièrement intéressants. Le manuel offre un panorama, distinctement répartis en différents chapitres, développant les axes essentiels relatifs à la scénographie.

 

L’introduction dresse un état des lieux et  survol l’évolution de la pratique, en retraçant rapidement les changements majeurs  : les cabinets de curiosité, la présentation moderne dépouillée, les expositions participatives, et les développements récents qui établissent un dialogue avec le monde virtuel.

 

Le volume aborde ensuite dans ses chapitres, les aspects particuliers du processus scénographique : le brief développant le contexte, la trame narrative, le public visé, la liste des expôts, …  ; le visiteur, petits et plus grands, néophytes ou experts est impliqué dans l’exposition selon différents styles d’apprentissage (visuel, auditif, kinesthésique, …)  ; le site abordé de différentes manières en fonction de ses contraintes et avantages ; la stratégie d’exposition développe la classification des expôts et le choix du parcours pour faire vivre au visiteur une véritable expérience plutôt qu’une simple présentation classique  ;   la conception en 3D des esquisses, maquettes et élévations permettent une approche globale du projet et la conception en 2D souligne le rôle essentiel du graphisme ; l’éclairage décrit selon différents types, les effets sur les expôts et l’espace environnant, l’interactivité intervient dans l’exposition par un abord facile et cohérent  ; le recours au son et au film enrichit l’environnement immersif  ; les critères de choix des matériaux jouent sur l'impact l’environnemental ; les structures d’exposition modulaires et portables sont le plus souvent adoptées par les stands ; les dessins techniques et l’importance des annotations et spécifications pour les différents acteurs du projet ; la construction et livraison, en passant du transport à la sous-traitance, sans oublier l’écoconstruction.

 

La conclusion soutient que l’innovation, l’imagination, la communication et l’interactivité ont permis la diversité des pratiques actuelles en scénographie et questionne les perspectives de la discipline et la nécessité des expositions dans l’évolution économique et politique d’un pays. Elle met en garde le scénographe sur l’interprétation d’un thème d’exposition qui reste par nature sélectif et partial. Celui-ci, dans un esprit d’intégrité, se doit d’utiliser avec vigilance les puissants outils modernes, dans les nombreuses opportunités qui s’offrent à lui.

 

Les principes exposés sont par ailleurs enrichis d'exemples tirés de la pratique scénographique contemporaine. Cependant, l’écrivain abordent surtout les lieux pharaoniques du monde de l’exposition : l’Exploratorium de San Francisco, le Science Museum et le musée des transports de Londres, le Children’s Museum d’Indianapolis, le white cube gallery de Londres, le Musée national d’Ethnographie de Leyde aux Pays-Bas, … en oubliant peut-être que la majorité de ses lecteurs seront plutôt en relation avec des lieux et projets de moindre envergure. Les stands et leur scénographie mercantile prennent une part importante de l’ouvrage (exemples : différents pavillons d’Exposition internationales, ou stands de salons automobiles et professionnels) et les expositions d’établissements publiques apparaissent quelques fois en  retrait. On regrette donc de ne pas découvrir trucs et astuces pour réaliser une scénographie de qualité malgré des moyens limités.

 

L’auteur souligne aussi dans son introduction qu’il traite des aspects enthousiasmants du métier de scénographe comme de ses contraintes, que bon nombre de livres oublient d’aborder. Pourtant, le livre ne développe nulle part la contrainte majeure qu’est le budget dans un projet d’exposition. Le livre gagnerait d’être complété par ces notions pertinentes. Par contre, vous trouverez en fin de chaque chapitre, un petit tableau de conseils pratiques «  à faire et à éviter  ».

 

En refermant le livre Scénographie d’exposition, vous aurez découvert la majorité des connaissances et des compétences nécessaires pour enthousiasmer de nouvelles générations de visiteurs. Le manuel est un très beau livre pour ses qualités graphiques inspirantes. Le texte est concis et très aéré par nombre d’images, plans et schémas pertinents, mais reste classé dans la catégorie des «  beaux livres  », comme ceux d’architecture ou de design, où l’iconographie attirante visuellement prend le dessus pour le rendre le plus populaire possible.

 

Clara Louppe