Museomix quézaco ?

Museomix c’est un marathon créatif qui se déroule habituellement dans un musée.
Museomix c’est des discussions, du bricolage, un peu de codage, du griffonnage, des idées, des fous-rires, un peu de folie, de l’humour et de la bonne humeur pendant 3 jours.
Museomix c’est rassembler des personnes de divers horizons professionnels afin de réunir des compétences, de partager des connaissances, d’unir les forces de chacun pour créer quelque chose ensemble à partir de thématiques.
Museomix c’est un marathon créatif duquel naissent des prototypes éphémères.
Museomix c’est avant tout des communautés qui se créent et forment des associations en France, en Belgique et ailleurs dans le monde.

 

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© NatAnitaCarmen – Museomix ouest – Le M de Museomix au dessus de la vue depuis le toit de la villa Rohannec’h.

 

Museomix à Saint Brieuc

Mais pour complexifier un peu les choses (sinon ce n’est pas drôle !), l’association Museomix Ouest a décidé de proposer une édition pas comme les autres en 2018 : une édition inédite en dehors du musée. Il était proposé aux participants d’investir la villa Rohannec’h de Saint-Brieuc. Un lieu hybride se définissant comme une fabrique territoriale, sociétale et artistique dont le projet vise à mettre en avant le processus de création à travers l’expérimentation, les rencontres et la pluridisciplinarité. La Villa Rohannec’h, le musée d’art et d’histoire de la ville de Saint-Brieuc et l’association Museomix ouest se sont alliés afin d’organiser l’évènement. Le but était de travailler sur le territoire et de nourrir une réflexion sur les communs, deux éléments qui relient le musée et la villa de manière significative.

 

Le premier défi était de créer un point de départ pour les participants, afin qu’ils puissent commencer leur réflexion à partir de quelque chose de tangible. L’association Museomix ouest, l’équipe de la villa et du musée se sont donc réunis en juillet 2018 pour un summer camp de trois jours, destiné à cerner les éléments clefs. De ce premier marathon créatif, est né une série de 7 thématiques présentées  comme des « inspirations », et visant à orienter les museomixeurs. On retrouvait donc : l’attente, l’hospitalité, partir, hériter, le secret, les communs et s’opposer. Ces dernières ont donné des planches tendances composés d’éléments des collections du musée, de l’histoire de la villa mais aussi des éléments du territoire briochin. Ce contenu naissant s’est enrichi d’une partie du fonds de la bibliothèque municipale (création d’une mini bibliothèque dans la villa), des archives départementales mais également d’une mémoire orale armoricaine récoltée par l’association les Bistrots de l’histoire.
Ce summer camp a également permis de définir la manière dont seraient accueillis les participants. L’idée était qu’ils deviennent des habitants de la villa et les organisateurs des concierges. Cette configuration donnait toute sa dimension au projet puisque les habitants (participants) allaient créer une colocation (une équipe), emménager ensemble pour trois jours et habiter une pièce de la villa selon leur inspiration, leur sensibilité et leur créativité. Le terme de prototype était ainsi transformé en « expérience » et les visiteurs du dimanche invités à vivre une expérience différente dans cinq pièces de la villa Rohannec’h.

 

Museomix, la Villa et moi

 

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© Justine Faure   - Intérieur de la villa Rohannec’h, le calme avant la tempête Museomix.

 

En ce qui me concerne je suis arrivée à Saint Brieuc en septembre 2018 pour commencer mon apprentissage à la villa Rohannec’h. J’ai débarqué, littéralement, au milieu de la communauté Museomix, deux mois avant le jour J. Un atterrissage qui ne fut pas sans heurt. L’équipe m’invitait à des midimix et on me parlait de « bulles », d’«ingénieux », de « facilitateurs », de « mixroom»…etc. Je ne comprenais qu’un mot sur deux et je me demandais bien ce que tout cela signifiait. Petit à petit j’ai commencé à comprendre et je me suis fait une place. On m’a rapidement proposé d’intégrer la « bulle contenu » et de m’occuper des éléments de l’histoire de la villa qui pouvaient être liés aux différentes thématiques cités précédemment.

 

Très vite est arrivé le jour j. Honnêtement je ne savais pas clairement ce que j’allais faire pendant ces trois jours mais ma motivation était plus forte et j’avais hâte de savoir à quoi j’allais me frotter.

 

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© Museomix ouest – Espace contenu rez-de-chaussée de la villa Rohannec’h (archives de la villa, collection numérisées du musée d’art et d’histoire de Saint-Brieuc, mémoires orales Les Bistrots de l’Histoire, bibliothèque municipale,  et Archives départementales)

 

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© NatAnitaCarmen - Photo de la plénière du vendredi soir sur le palier du premier étage de la villa Rohannec’h.

 

Finalement l’expérience a été intense, fatigante autant que stimulante et festive. Surprise par cette ambiance singulière, je me suis sentie dans le rythme et l’euphorie d’une colonie de vacances. Mais ce qui fut le plus remarquable c’est de voir la villa habitée. Une dimension intéressante à mettre en parallèle avec son histoire. En effet, rappelons que la villa  a été construite en 1903 par un célèbre armateur briochin : le Vicomte Le Gualès de Mézaubran (…-1933). Vendu une première fois par sa fille en 1936, elle est ensuite cédée au département des Côtes d’Armor en 1946. Elle devient école ménagère puis lycée agricole pendant presque cinquante ans. Dans les années 1990, elle est laissée à l’abandon avant de rouvrir comme villa culturelle en 2010. Pour l’équipe c’était une première, jamais la villa n’avait accueilli autant de monde depuis la fermeture du lycée agricole en 1993. Cette idée du lieu vide, marqué par son passé, dans lequel on a rassemblé des données, des traces de vie et des histoires territoriales a dévoilé une appropriation singulière des cinq équipes.

 

C’est la notion d’expérience qui marque l’esprit. C’est l’échange et le partage entre les individus,  et ce pouvoir du collectif qui transcende la réalisation finale. C’est finalement le processus qui est le plus impressionnant.

 

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© Museomix ouest – Travail en équipe dans une pièce au premier étage de la villa Rohannec’h.

 

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© Museomix Ouest – Et du partage en cuisine également ! - toutes les générations étaient présentes pendant Museomix.

 

Et Après Museomix ?

 

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© Museomix ouest – L’équipe de Museomix Saint-Brieuc 2018 : participant.e.s et organisateur.rices

 

J’en viens donc à me poser les questions de l’après Museomix. Le moment où l’on re-atterri dans la « vie normale ». Cette adaptation du départ, elle existe également au retour et elle ne se fait pas forcement facilement. Par exemple, les midimix briochins (réunions du mardi midi de l’organisation) ne se sont pas arrêtés, ils ont continué, comme pour ne pas créer de rupture, pour partager nos ressentis et parler de la suite, de nos idées.
Et beaucoup de questions se bousculent dans nos têtes : Comment cette communauté peut-elle se consolider, se pérenniser? Si l’idée est de créer une communauté, de fédérer des gens, de créer des rencontres et de s’épanouir en groupe alors pourquoi retourner dans nos routines tout de suite après ? Comment passer de l'événement à un modèle de gestion de projet ?

 

C’est d’ailleurs possible pour certains qui parlent d’« une fenêtre ouverte qui ne peut se refermer », de « remise en question des pratiques professionnelles », de « nouveaux possibles »…
Il existe clairement un avant et un après Museomix pour la plupart des personnes qui ont vécu l’expérience.
Les premiers retours d’expériences sont clairs, qu’il s’agisse des participants ou des organisateurs, chacun y trouve quelque chose à transposer dans ses pratiques quelles soient professionnelles, associatives, personnelles… 

 

La météo générale indique véritablement ce besoin de changer les pratiques, de concevoir à plusieurs et d’aller à l’encontre d’une forme d’individualisme au travail.
Mais alors…une question sur laquelle méditer : quelles sont les problématiques à la mise en place de ces techniques de gestion de projets dans nos pratiques? Sont-elles juridiques, politiques, institutionnelles… ? Et comment les contourner ?
Justine Faure

 

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