Docteure BONHEUR

Médecine muséale

TEL : JPPDLDPRME

Consultation sans prise de tête
Tous les jours de 8h à 18h
 

 

C’est l’hiver et il fait froid. Un petit coup de blues.
Et si votre médecin vous amenait à visiter un musée ?
 
En hiver, nous préférons rester sous la couette que de sortir dans le froid. Les musées aussi sont plus frileux de visiteurs. Alors quand vient la nostalgie, vous pouvez lire cette ordonnance, pour aller au musée sans passer par les microbes d’un cabinet médical.
 

ENCADBLUES

Comment apaiser le stress, l’anxiété ? L’association des Médecins Francophones du Canada ont misé sur les bienfaits du musée. Les études ont prouvé que l’art avait un impact sur la santé alors cette ordonnance s’adresse aux patient.es atteint.es de différentes pathologies, quelles qu’elles soient.

 

MUSEOLEN (Ralentir)

Le musée. A la rencontre de l’art, des autres ou de soi-même. Lieu d’échanges, de transmission. Se perdre dans le temps, l’oublier. S’arrêter, respirer. Au temps où nos vies vont à un rythme effréné, nous ne prenons pas le temps de faire une pause. Le musée ou autre lieu d’art, nous propose de contempler, d’observer les œuvres, et de s’observer soi. Prendre le temps ramène à un rythme cardiaque plus lent car nous vivons dans un monde où observer s’apparente plus à capter, capter une image, un mouvement, un souvenir sans trop regarder de près, chercher ou s’attarder. En soi, observer apaise, puisque toute notre énergie se concentre sur une œuvre.

 

PRESEXPERUM (Prescriptions Médicales)

« On s'est dit que ce serait plus facile de convaincre les patients d'aller au musée que de s'engager dans un atelier d'art-thérapie », explique la docteure Hélène Boyer1, vice-présidente des Médecins Francophones du Canada. L’association a mis en place une phase expérimentale de « prescriptions médicales ». Depuis le 1er novembre 2018, des médecins de l’organisme MdFC sont autorisé.es à faire des ordonnances médicales pour prescrire des visites gratuites dans les musées à leurs patient.es. 2000 médecins participent à cet essai et peuvent prescrire cinquante ordonnances. Cette phase de tests pour quelques mois s’adresse en particulier à des patient.es présentant des difficultés psychologiques, des problèmes d’anxiété et de stress ainsi que de la morosité quotidienne. L’intérêt est double : vérifier que l’art a réellement un impact sur la santé et peut « guérir », et amener les patients à fréquenter ces lieux plus souvent. Cela questionne évidemment l’effet placebo et les limites de ces prescriptions.

 

ARTOBAM (Le Bam de l’art)

L’essai se fait avec le Musée des Beaux-Arts de Montréal. Déjà sensibilisé à l’art-thérapie par de nombreux programmes et ateliers, le musée a souhaité s’investir dans ce projet qui tient particulièrement à cœur à Nathalie Bondil, directrice et conservatrice du MBAM. Le MBAM a notamment déjà mis en place un « atelier international d’éducation et d’art-thérapie » en 2016. Organisés par Michel de la Chenelière passionné d’art et d’éducation accompagné d’un art-thérapeute, ces ateliers proposent par exemple des séances de yoga au musée pour les 65 ans et plus souffrants de pathologies liées à l’âge.

 

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Yoga-danse pour enfants au Musée des Beaux-arts de Québec © MNBAQ

 

THERXION (Art-Thérapie)

Alain de Botton, auteur d’Art et Thérapie, ou comment l’art nous aide dans notre quotidien, estime qu’il est primordial à notre vie parce qu’il propose des pistes de réponses à nos dilemmes. Pour le psychiatre Christophe André, la peinture se situe entre la littérature et la musique. La musique2 nous immerge, la littérature ouvre vers la réflexion : l’art donne le choix de l’immersion par les émotions et/ou l’ouverture vers la réflexion. Ainsi, l’art-thérapie  stimule la créativité et l’ouverture aux sentiments. C’est une prise de conscience de soi. La contemplation d’une œuvre d’art permet d’accéder à soi-même. Si nous pouvons ressentir une émotion face aux œuvres, il faut aller vers quelques œuvres particulières, assumer  sa subjectivité. Pour Alexia Guggémos, créatrice du Musée du Sourire, « face à une œuvre, on est émetteur et récepteur d’émotions »3. Il est également préférable de ne pas chercher les effets des œuvres, car « la magie de l’art peut opérer » quand on ne la cherche pas. L’intérêt donc devant une œuvre est de se laisser immerger pour laisser venir ses effets, puis dans un second temps de faire une pause introspective.

 

ET MON CORPS LA-DEDANS ?

«  L’art est bon pour le cerveau  » dit le neurobiologiste Jean-Pierre Changeux4. Mais comment l’art joue-t-il sur notre corps ? Selon Hélène Boyer, les hormones sécrétées lors d’une visite sont « responsables de notre bien-être »5. Aussi, que se passe-t-il dans notre cerveau ? D’après Jean-Pierre Changeux, devant une œuvre, « notre rétine répond aux couleurs »6. Les données enregistrées par la rétine sont transmises par les nerfs optiques au cerveau dans les aires du cortex spécialisées. Combinées, nous avons dans notre cerveau une représentation formelle de l’œuvre. Tous nos souvenirs, nos images et idées se retrouvent alors directement assemblées par rapport à cette projection intérieure. Concrètement, une émotion vient  parce que l’œuvre fait un rappel à un sentiment, à un souvenir. Ce sont ces échos en nous qui sont intéressants et qui font du bien.

 

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Aires du cortex cérébral © Maxicours.com
Aire V3 pour les formes et Aire V4 pour les couleurs.

 

Aller au musée pour s’apaiser et se recentrer est la mission première de ces prescriptions médicales particulières, sans effet secondaire. L’art-thérapie semble déjà avoir fait ses preuves et cette nouvelle initiative pourrait amener le Musée des Beaux-Arts de Montréal à créer des partenariats, par exemple en France avec le Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice.

 

L.L.

 

#Antistress

#Prescriptionsmédicales

#Art-thérapie

 

 

1 Amaury Bucco, "Des visites de musées pour soigner les burn-out" [En ligne], Le Figaro,  publié le 04.12.18, <http://www.lefigaro.fr/decideurs/management/2018/12/04/33007-20181204ARTFIG00003-des-visites-de-musees-pour-soigner-les-burn-out.php
2 Ali Rebeihi, France Inter, Pourquoi aller au musée fait du bien ? [En ligne], posté le 12.10.18, <https://www.franceinter.fr/emissions/grand-bien-vous-fasse/grand-bien-vous-fasse-12-octobre-2018>
3 Benjamin Chapon, Une dose d’art et ça repart, 20 minutes [En ligne], publié le 19.10.18, <https://www.20minutes.fr/arts-stars/culture/2356335-20181019-uvres-art-peuvent-elles-procurer-bien-etre-emotionnel>
4 Frank Béraud, Nathalie Bondil, Frédéric Bove, Rémi Quirion, La Presse+, Les Bienfaits de l’art sur la santé, [En ligne], publié le 05.11.17, <http://plus.lapresse.ca/screens/30bd548f-59b4-4ebc-bd6a-4a8641074843__7C___0.html>
5 Le Monde, Au Canada, des médecins pourront prescrire des visites au musée, [En ligne], mis à jour le 24.10.18 <https://www.lemonde.fr/big-browser/article/2018/10/24/au-canada-des-medecins-pourront-prescrire-des-visites-au-musee_5373872_4832693.html>
6 Véronique Radier, l’OBS, Ce que l’art fait à notre cerveau, [En ligne], publié le 18.12.16, <https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20161208.OBS2373/ce-que-l-art-fait-a-notre-cerveau.html>