Véritable musée médiateur, le Préhistomuseum de Ramioul, situé près de Liège, privilégie l’expérimentation du visiteur dans le but « d’interroger le passé pour comprendre le présent et réfléchir au futur de l’humanité de manière systémique », selon Fernand Colin, directeur du musée.

 

Un apprentissage à l'âge du faire

 

Avant sa réouverture en 2016, le musée s’est posé la question primordiale de l’utilité. A quoi sert un musée ? Et surtout, pour qui ? Le musée présente des collections ayant une valeur scientifique, oui, mais à quoi servent ces objets ? Que peuvent-ils apporter au public ? De ces questionnements est née la nécessité de l’expérimentation, de faire soi-même pour comprendre le passé et ainsi se poser les bonnes questions pour l’avenir de l’humanité. 

Dans cette démarche, le Préhistomuseum propose aux visiteurs une douzaine d’ateliers faire et savoir-faire,  par exemple un atelier permettant de faire l’expérience de l’allumage du feu à la manière de l’homme préhistorique. Après avoir mis à disposition le matériel, le groupe de visiteurs doit essayer d’allumer un feu, encadré par un médiateur. L’objectif de cet atelier est de faire comprendre le processus aux visiteurs par l’expérimentation et le travail d’équipe. 

Pour chaque animation les concepteurs  se demandent d’abord à quel type de public  elle s’adresse. Les objets de la collection sont utilisés pour transmettre un message à leurs publics composés de 50% de scolaires et 50% d’individuels. Ils doivent servir de support d’apprentissage. Reprenons l’exemple de l’expérience de l’allumage du feu. Pour commencer, la médiatrice dispose plusieurs objets au sol et demande au groupe quel est leur point commun. Le groupe réfléchit, guidé par la médiatrice, pour parvenir à la réponse correcte : tous ces objets étaient utilisés pour allumer un feu par les hommes préhistoriques.

Différentes approches sont utilisées pour transmettre: systémique, immersive, sensorielle et cognitive. Dans le cas de l’allumage du feu, une approche cognitive est privilégiée : les participants sont amenés à réfléchir ensemble aux différents questionnements et au processus technique permettant d’allumer un feu. 

 

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La médiatrice a mis plusieurs objets au sol. Quel est leur point commun ? © Lisa Sécheresse

 

La pop-archéologie, moteur du musée

 

Fernand Colin reprend le concept de la pop-philosophie inventée par Gilles Deleuze qui consiste à construire un raisonnement philosophique à partir d’un objet du quotidien. Appliqué à l’archéologie, l’idée est de prendre un objet pour développer un raisonnement dans le but de comprendre notre présent et de réfléchir au futur. L’archéologie n’est pas une fin en soi mais un outil pour se poser des questions sur nous-mêmes, notre rapport aux autres et à l’environnement. L’objectif est de faire un musée pour ceux qui n’aiment pas les musées (sans exclure ceux qui les aiment). Chacun peut tirer un enseignement de sa visite au Préhistomuseum : il y passe un bon moment et apprend à réfléchir au futur de l’humanité et de son environnement. 

A travers le parcours permanent, le Préhistomuseum tente de sensibiliser les visiteurs à l’environnement en les poussant à se poser des questions sur leurs modes de vie et de consommation des ressources planétaires. En comparant l’impact de l’homme sur son environnement à l’ère préhistorique et aujourd’hui le visiteur prend conscience que l’homme contemporain respecte bien moins l’environnement qu’il y a des centaines de milliers d’années. 

 

“L’humanité est passée de l’économie de l’harmonie à l’économie du déséquilibre. L’économie, c’est prélever, produire et échanger des biens et services. L’économie des peuples chasseurs-cueilleurs nomades est plus en équilibre avec l’écosystème et plus réactive que celle des peuples agriculteurs-éleveurs.” 

Citation au sein de l’exposition permanente

En plus d’être un musée médiateur, Fernand Colin souhaite que le Préhistomuseum développe la co-construction avec le public. Le musée aurait alors un rôle d’encadrant et le public deviendrait acteur en co-construisant ensemble, à partir de la collection. Le musée de demain ? »

Lisa Sécheresse

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