Du 14 au 18 octobre 2020, s’est tenu à Arras la seconde édition du Festival des Expositions. Cet évènement, organisé par le Master Expographie-Muséographie vise à présenter les productions personnelles des apprenties en fin de diplôme : les MEM’Works.

 

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Affiche du Festival des exposition, édition 2020
Réalisation : Margaux L. 

 

Mais dis-donc Jamy, c’est quoi un MEM’Work ?

 

Le MEM’Work est un travail de fin d’étude du Master Expographie-Muséographie très différent  de la rédaction d’un mémoire, exercice plus académique. Il s’agit d’un travail professionnalisant, sur un ou deux ans, qui vise en premier lieu à effectuer des recherches bibliographiques sur un sujet choisi par l’étudiant. Un des enjeux est de l'aborder sous un point de vue qui pose question, qui attire l'attention et apporte une connaissance par le biais de l'expérimentation ou de la manipulation. La formalisation du sujet permet de mettre en pratique les connaissances acquises durant la formation. Les rencontres tout au long de la formation, avec des professionnels tels que des muséographes, des scénographes ou encore des graphistes permettent aux étudiants de poser des questions et d'obtenir de précieux conseils. La forme finale n'est pas imposée et l'exercice laisse libre court à l'inventivité, les apprenties peuvent ainsi réaliser des petites expositions, des outils de médiation, des installations, des supports audio-visuels, des prototypes ou encore des commissariats. 

Ce projet permet de pouvoir exprimer son engagement ainsi que de démontrer ses compétences. Les recherches bibliographiques conduisent en premier lieu à la rédaction d’une note d’intention qui définit la ligne directrice du MEM’Work. Elle peut varier en fonction de la maturation du projet. Ensuite, la rédaction d’un programme muséographique est préalable à la réalisation scénographique, qui mobilise des compétences techniques selon la complexité du projet. Les étudiants ont la possibilité d’accéder à un FabLab qui propose des impressions 3D, de la gravure laser sur bois etc. pour réaliser leur production. Situé à la Louvre Lens Vallée, le Muséolab a ouvert ses portes en 2019 et travaille en lien étroit avec le Louvre-Lens et les projets du Master Expographie-Muséographie, ce qui implique une connaissance du monde muséal et des pratiques.

 

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Tiphaine en plein montage de sa brouette au Muséolab, une session bricolage pour
déterminer les mesures des casiers contenant son matériel de médiation scientifique
Photo : Camille Q.

 

Initialement pensés comme des dispositifs à petits prix et itinérants, les productions  doivent être facilement déplaçables par une ou deux personnes afin de limiter les coûts liés au transport. 

Le MEM’Work est ainsi un exercice complexe qui allie réflexion et mise en pratique.

 

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Peau contre peau, un module d’exposition sonore par Lauréline
Photo : Camille R.

 

Hey Fred, tu savais qu'on les retrouve au Festival des Expositions ?

 

Depuis 2019, le Festival des Expositions présente les différents travaux des étudiants du Master Expographie-Muséographie. Cette année, la promo Anne Delavaux a présenté les travaux à l’Hôtel de Guînes, dans le centre ville d’Arras, et au service culturel de l’Université d’Artois. La particularité de cette édition a été de se tenir en même temps que la quatrième biennale d’art contemporain “Appel d’Air”, organisée également par des chargées de projet du Master dans le cadre d’un projet tutoré. S’ajoutant aux intéressés, les visiteurs de la biennale à l’Hôtel de Guînes ont ainsi pu découvrir de nombreux travaux du Festival des Expositions.

Les sujets ont été très variés et traduisent des engagements personnels : écologie, questionnements sociétaux… Du mariage blanc (Camille R.) à l’exploitation de la banane (Adélaïde), en passant par la chirurgie esthétique (Armelle), l’empreinte carbonne des avions (Laurence A.), les tueuses en série (Manon), les trophées de chasse (Laurie), les productions prennent diverses formes et répondent à des problématiques soulevées lors des recherches. 

 

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Les dessous de la banane, une exposition d’Adélaïde qui questionne la culture du fruit et son lien avec l’histoire (du colonialisme à la pop-culture)
Photo : Camille Q.

 

Lab’rouette - la vie sous nos pieds proposée par Tiphaine est par exemple un prototype d’expérimentation scientifique, qui vise à inclure le visiteur dans l’expérience. Cette démarche active l’invite à observer, afin de comprendre et de tirer des conclusions par lui-même. La participation a été pensée par plusieurs étudiantes, qui invitent tour à tour les visiteurs à laisser une trace de leur passage. Avec Prolonger la vie. Pour le meilleur et pour le pire !, Laurence L. donne la parole en mettant à disposition des pions écologiques (des haricots rouge) ou des gommettes afin de les laisser s’exprimer sur leur choix concernant le transhumanisme. Le visiteur peut également jouer et s’amuser dans Rustiques de Camille F. avec un “Qui bêêêêh?” à la manière d’un “Qui-est-ce?” pour découvrir les différentes races de moutons.

Dans les expositions Au delà des règles de Camille Q., Un ara au musée de Mélissa et Les cimetières de demain de Cloé, les visiteurs peuvent également donner leur avis en laissant une trace de leur passage. Le visiteur  peut confronter son point de vue à celles des participants, ce qui  peut prêter à débat.

 

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Une exposition qui donne la parole au public : Prolonger la vie. Pour le meilleur et pour le pire ! par Laurence Louis
Photo : Camille R.

 

Margaux choisi d’impliquer le visiteur gustativement, puisque son exposition Chocolat, plaisir coupable ? dispose de tiroirs, contenants des échantillons de chocolat. Le visiteur en sélectionne un au début de l'expérience et découvre les conséquences de son choix. D’autres expositions impliquent également les sens, comme celle de Judith avec L’épopée des sens. Le visiteur découvre des objets par le toucher, le goût, l’ouïe et l’odorat. Ce dernier sens est également mobilisé dans Avant la viande de Chloé, afin de marquer le visiteur. L’ouïe est sollicitée aussi dans l’exposition Peau contre peau de Lauréline,  au travers de témoignages oraux de personnes handicapées subissant des frustrations sexuelle ou d'accompagnants les aidant à les surpasser. Ces travaux sont caractéristiques de la variété des moyens  pour impliquer d’autres sens que la vue.

 

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Partie de “Qui bêêêêh?”, un dispositif de l'exposition Rustiques de Camille F.
Photo : Camille R.

 

La diversité des réalisations réside également dans leur conception initiale. L’exposition Monique la poule tourdumondiste de Marianne a été basée sur l’histoire du breton Guirec Soudée et de sa poule Monique. Ils ont effectué un tour du monde sur un voilier. Après avoir eu les accords nécessaires, Marianne a obtenu des subventions auprès de l’Université d’Artois, du Crous Lille Nord-Pas-de-Calais et de la Délégation Régionale de la Recherche et de la Technologie pour la Fête de la Science, qui lui ont permis de réaliser un véritable travail de muséographe coordonnant des prestataires en scénographie et graphisme. Cette démarche professionnelle lui a permis de valoriser son travail et d’augmenter son réseau. Son exposition va itinérer  à la cafétéria du Crous de Béthune pour les prochaines semaines.

 

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Marianne présente son exposition itinérante : Monique la poule tourdumondiste
Photo : Camille R.

 

Pour son exposition Habiter autrement, un retour à l’essentiel, Nelly a également effectué un travail d’enquête. Elle présente des modes de vies alternatifs à partir de témoignages et d’une collecte d’objets appartenants aux protagonistes.

 

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Habiter autrement, un retour à l’essentiel proposée par Nelly
Photo : J.A.

 

Les étudiantes ont présenté leurs travaux aux nouvelles promos de Master 1 et 2. Cette occasion a permis d’échanger autour des sujets et de montrer des exemples de productions aux nouveaux arrivants. L'exercice du MEM'Work, bien qu'à ses prémices, a de beaux jours devant lui et va donner la parole aux (peut-être) futures générations de muséographes issues du Master Expographie-Muséographie.

 

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Montage d’ Au delà des règles, par Camille Q.

 

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Mélissa, en pleine présentation d’Un ara au musée
Photo : Camille R.

 

Tu vois, c'était pas si sorcier !

 

Le Festival des Expositions a marqué, le temps d'une semaine, la passation entre la promotion sortante Anne Delavaux et les nouveaux arrivants dans le Master. L'occasion d'échanger au sujet des MEM'Work, des parcours de chacun mais aussi des  perspectives post-diplôme. Un prétexte à la rencontre, à l'échange, à l'inspiration et la clôture d'un cycle universitaire. L'aventure ne s'arrête cependant pas et certaines expositions auront l'occasion d'itinérer. Avant la viande de Chloé sera notamment visible à l'université d'Artois du 25 au 31 janvier 2021 et des rencontres-débats avec quatre visiteurs seront organisées. Marianne est en pour-parler quand à l'itinéraire de son exposition, elle espère la faire circuler dans les bibliothèques départementales des Côtes d'Armor.

 

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Avant la viande, à défaut de passer la viande à la casserole,  Chloé nous fait passer à table
Photo : Lauréline L.

 

Camille Quernée et Nelly Jacquemart

 

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