« Un jour mon visiteur viendra ». Les belles œuvres dormantes de Mons n’ont plus à s’inquiéter d’un sommeil éternel. Les emprunteurs les émergent d’un monde à part et intemporel. Souvent inconnue des visiteurs, la fonction mystérieuse des réserves nourrit les fantasmes et mystifie les musées. Mettant au défi la ville de valoriser ses collections, elle dévoile désormais ses secrets.

L’Artothèque est installée dans la Chapelle du couvent des Ursulines, elle mutualise les collections communales qui ne sont pas exposées de manière permanente dans les autres musées de la ville : il s’agit d’une réserve à la fois centralisée et partagée. Elle a pour rôle de conserver, communiquer et rendre visible les métiers de la conservation auprès du public. Ce bâtiment rassemble un centre de réserve, de restauration, d’étude et de gestion du patrimoine.

Exposer une réserve, c’est créer l’ambiguïté entre lieu d’exposition et lieu de conservation. L’Artothèque de Mons en Belgique nous révèle la face cachée d’une partie des musées montois, là où les œuvres semblent toujours sommeiller. Révéler ce qui est dissimulé, c’est offrir au grand public une rencontre privilégiée et personnelle avec les œuvres. 

Une collection vivante grâce au public et au personnel

 

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Artothèque de Mons - © Estelle Brousse

 

La transmission des savoirs sur ces œuvres et leur accessibilité sont l’une des priorités de l’artothèque. Etendue sur un total de six étages, c’est au rez-de-chaussée que la réserve s’ouvre au public. Elle y est visible au travers d’une vitrine et se visite sur demande. Attirant les Montois, les scolaires et les professionnels, cet espace a longtemps été perçu comme une institution décalée dans la ville. 

Mais le nombre de prêts en confirme le succès. Le prêt et la circulation des œuvres est un moyen de démocratiser et de faire connaître la richesse, la diversité, et les pratiques artistiques du patrimoine communal. Le nombre de prêts étant en constante croissance, les œuvres circulent hors-les-murs du musée et de la réserve. L’artothèque élargit également ses usages et devient Artothèque « Pop-Up » : elle ouvre ses collections pour la création de nouvelles expositions thématiques. Lieu central du patrimoine communal, elle est vecteur d’échanges entre structures culturelles. C’est par exemple le cas du Musée royal de Mariemont à Morlanwelz pour son exposition Le monde de Clovis. Itinéraires mérovingiens de septembre 2020 à avril 2021, déclinée à l’Artothèque de Mons et à Tournai. Le BAM collabore également avec l’Artothèque pour l’exposition École de Mons. 1820-2020. Deux siècles de vie artistique de mars à août 2020.  Mais la réserve ne vient pas seulement mettre en lumière les œuvres, elle valorise aussi des métiers bien souvent méconnus du grand public et révèle le travail de conservation préventive. 

La médiation et l’accompagnement du visiteur y sont essentiels. Puisque la réserve a encore souvent une fonction méconnue et reste dissimulée auprès du grand public, l’implication du personnel dans la médiation vient renforcer cette volonté de transmission, et l’appropriation du lieu par tous. Agents d’accueil et gardiens s’investissent dans l’accompagnement du public, ils lui donnent les clés pour qu’il prenne en main sa visite. 

Un lieu de conservation, un espace d’innovation

 

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Artothèque de Mons - © Estelle Brousse

 

L’espace immersif accessible aux visiteurs, appelé l’«Artothèque virtuelle», cherche à faire comprendre le fonctionnement réel d’une réserve, bien qu’il reste avant tout une vitrine où l’interactivité prime. La réserve au rez-de-chaussée facilite l’observation et la contemplation des œuvres pour son public, tandis que le reste des réserves, accessibles uniquement par les professionnels concernés, privilégie l’optimisation d’espace et la praticité du rangement pour une conservation optimale des collections. 

Le numérique invite à la participation, il autonomise le visiteur dans sa découverte des collections. Les œuvres exposées sont régulièrement remplacées, et les dispositifs mis à jour. Tous ces moyens mis en œuvre ont pour objectif de faire vivre le patrimoine. 

Dans la partie des réserves visitables du Louvre Lens, l’emploi des outils interactifs offre la possibilité pour le musée de mettre en valeur ses missions centrales : celles de l’enrichissement, de l’étude, de la restauration, de la conservation et de l’exposition des collections. Mais c’est aussi l’occasion d’aborder des thématiques allant au-delà de la réserve comme le transport d’œuvres, l’histoire des collections, le montage, la scénographie ou encore les techniques de restauration. L’ouverture de ces espaces qui se veulent représentatifs de la réalité propose une meilleure compréhension des coulisses, mais lève aussi le voile sur d’autres missions méconnues du musée. 

La visibilité des collections de l’Artothèque de Mons offre par ailleurs l’occasion de faire avancer le travail de recensement : la numérisation des œuvres va nourrir le catalogue et l’inventaire, et apportera de précieuses informations pour d’éventuelles restaurations. L’artothèque a été pensée et conçue de telle sorte que l’espace soit le plus optimisé possible, tout en assurant une traçabilité physique et virtuelle des objets. 

Véritable lieu de ressources et outil au service du public, l’artothèque partage ses locaux avec un centre de documentation. Ce centre participe au réseau des bibliothèques publiques et interagit avec les collections communales et le patrimoine montois. 

Par ailleurs, l’Artothèque renouvelle la représentation académique de l’histoire de l’art. Dans la base numérique et dans l’espace de mise en vitrine, les œuvres ne sont pas cloisonnées dans leurs époques mais mélangées de la Préhistoire à l’Art Contemporain, tel un cabinet de curiosités.

Cet espace invite le public à ne pas être un simple spectateur durant sa visite.  Au centre des services qui lui sont proposés il est invité à chercher, observer, comparer les œuvres et nourrir sa curiosité. Par ailleurs l’accessibilité à une partie des réserves et la transmission des connaissances sur le patrimoine communal cultive une relation de confiance entre les habitants, leur patrimoine et les structures culturelles. Le développement de ces espaces sur les territoires est primordial pour donner la possibilité à chacun de s’approprier collections et patrimoine. 

 

Coline Declercq

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Sources

Visite de l’Artothèque présentée par Xavier Roland, Responsable du Pôle muséal de la Ville de Mons et directeur du BAM, et par Sophie Simon, Conservatrice adjointe des collections communales montoises.

Lire : https://journals.openedition.org/ocim/1588

Rapport de l'Artothèque

Site de l'Artothèque