« Résister, c’est accepter de vivre dans l’illégalité et apprendre en conséquence à déjouer de multiples dangers. » Extrait du panneau « Contourner le danger » de l’exposition permanente du CHRD de Lyon. 

Un jour d’automne, devant le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation. Déjà quelques groupes se pressent devant l’entrée. Le musée n’ouvre pas avant dix heures. Dans cinq minutes le bâtiment accueillera ses visiteurs. A droite de la file, un revolver au canon noué en symbole de paix, sculpture en bronze, prône sur un socle. « Carl Friedrik Reuterswärd (1934-2016), Non Violence ».

 

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Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation - © Pierre Verrier/Ellipse bois

 

Un lieu de mémoire

 

Le Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation est un lieu de mémoire depuis sa création. Il abrite en son sein une exposition permanente, une exposition temporaire, et un centre de documentation. L’ensemble du parcours rassemble des témoignages d’anciens résistants et de déportés, issus d'une collecte menée méthodiquement par le CHRD depuis 1990. 
L’exposition permanente, intitulée Lyon dans la guerre, 39-45, s’organise en un parcours chronologique. Son approche géographique suscite l’intérêt du visiteur : la ville de Lyon, au centre du discours, fait écho en continu à l’histoire de la France et des pays frontaliers.
En introduction, le public découvre l’histoire du bâtiment qui l’abrite, et la naissance du musée. D’abord aménagé dans une salle prêtée par le Muséum d’histoire naturelle de Lyon dans le 6ème arrondissement, il est depuis 1992 installé dans l’ancien site de la Gestapo, lieu symbolique où Klaus Barbie a sévi. 
Bien qu’il ne soit pas assez visible, un élément de compréhension textuel éclaire le visiteur sur le rôle des lieux de mémoire. Selon l’historien Serge Barcelleni, il existerait trois temps du processus historique : le temps du souvenir, où la première génération perpétue les souvenirs de la période ; le temps de mémoire par la transmission directe ; et le temps de l’histoire, lorsque les acteurs et témoins des faits disparaissent.

Après cette salle introductive, le visiteur est plongé dans la période d’entre-deux guerres et chemine progressivement jusque vers la seconde guerre mondiale.  Des témoignages audiovisuels, des objets de collection et des photographies complètent le récit. La déambulation se veut rythmée par les nombreuses pièces et obstacles visuels dans l’espace. Le champ visuel réduit, hors du temps et sans savoir où il va et pour combien de temps, le visiteur avance comme si l’intention scénographique était de le projeter dans les conditions imprécises dans lesquelles était la population en temps de guerre.

Au cœur de l’exposition, la résistance est abordée sous de multiples facettes comme : l’unification des mouvements de résistance avec la création de la CNR (Conseil National de la Résistance) par l’homme politique et résistant Jean Moulin, les actions menées et les risques encourus, la naissance des journaux clandestins, mais aussi les forces de répression tels que la gestapo et le MNAT (Mouvement national anti-terroriste, officine lyonnaise de la Gestapo), les tentatives pour discréditer la Résistance par l’occupant. S’ensuit l’histoire de la Shoah et les conditions de vie des déportés dans les camps. Des témoignages des victimes et des objets immergent un peu plus le visiteur dans ce tragique épisode de l’Histoire.

Un constat : la densité des textes a tendance à décourager, même si la hiérarchisation et les niveaux de lecture permettent une visite plus ou moins détaillée. Les quelques visuels dans des couloirs étroits sont malheureusement peu visibles. C’est pourquoi, après un espace dédié à l’hommage aux victimes, des salles immersives reposent le visiteur qui se réapproprie plus librement la thématique du lieu, et la vit par les sens. Ces salles aux décors réalistes évoquent les « années noires » de la ville de Lyon pendant l’Occupation. Elles permettent d’appréhender différemment le rapport à l’opinion publique et à la diffusion de l’information durant cette période.

 

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© B. Rieger/hemis.fr

 

Un musée de vie

 

Bien que ce musée ait pour rôle de garder en mémoire ces témoignages, il se veut aujourd’hui aussi un espace de vie et de dialogue. Les visiteurs du Centre d'Histoire de la Résistance et de la Déportation sont en grande partie des familles, toutes générations confondues : enfants, parents et grands-parents. La mise en espace de l’exposition (les couloirs étroits, les nombreuses salles, et certaines zones où il est possible de se regrouper pour communiquer) offre une certaine intimité et invite à partager, discuter et réfléchir ensemble.  Comme à proximité de l’accueil où une machine à café, des assises et des tables sont à disposition pour permettre l’échange et la réflexion. 
Cependant, certains dispositifs scénographiques sont difficilement accessibles aux enfants : textes denses, écrans et vitrines surélevés, ne permettent pas une autonomie de l’enfant face au contenu. 
En définitive, Lyon dans la guerre, 39-45 est une exposition qui nous donne des clés de compréhension de l’intense Histoire de Lyon dans la France et le Monde durant la Seconde Guerre Mondiale. Elle fait en outre du CHRD un lieu essentiel de mémoire collective des Lyonnais.

 

C.D.

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