D’Alexandre Pouchkine à Elvis Presley, visitez les maisons-musées autrement

Les maisons-musées d’artistes sont aujourd’hui très populaires. Qu’on soit un amoureux de peinture, de littérature, de théâtre ou de musique, ces formes d’expositions permettent non seulement de redécouvrir les œuvres d’artistes majeurs, mais le plus souvent de plonger le visiteur dans l’intimité d’une idole, dans le contexte de l’Histoire.

Etudions trois cas précis : l’appartement-musée d’Alexandre Pouchkine à Saint-Pétersbourg (Russie), la maison de Claude Monet à Giverny (France) et enfin, la maison d’Elvis Presley, à Memphis (États-Unis) et découvrons ce qui fait l’exception de ces lieux !

 

Alexandre Pouchkine : le cas russe

Au cœur de la ville de Saint-Pétersbourg, situé sur les quais de la Moïka, l’appartement du poète Alexandre Pouchkine se visite depuis 1999. Aussi bien prisé des touristes que des Russes, cet appartement est en réalité celui où le poète vécut ses derniers instants, de 1836 à 1837, soit le jour du duel qui lui coûta la vie. Déjà avant son décès, il était estimé comme le plus grand écrivain russe de son siècle. Sa mort le métamorphosa en véritable légende.

Notons que l’intérieur a été précieusement reconstitué. Précieusement, voire excessivement : une véritable volonté de présentation brute, aussi fidèle que possible d’une demeure dite noble des années 1830. Le visiteur est invité à déambuler dans les différentes pièces de l’appartement, recréées avec les objets du quotidien de l’artiste et de son époque, mais aussi des gravures, des copies de manuscrits et, évidemment, des bibliothèques débordantes de livres (environ 4 000) dans les 14 langues que le poète maitrisait. Ceci jusqu’au fameux et non moins légendaire cabinet de travail, où l’on peut découvrir la lettre -que Pouchkine écrivit en français- qui fut à l'origine du duel qui lui fut fatal. Comme figé dans le temps, l’appartement se visite différemment, au point même de porter des sur-chaussons, à placer par-dessus les semelles de ses chaussures.

Cette visite sera qualifiée d’indispensable pour les amoureux de la littérature, les fans déjà conquis.

Cabinet de travail © Franchet, culture-libre.org

 

Claude Monet : une renommée internationale au cœur d’un village français

Domaine inscrit aux Monuments Historiques, Giverny, petite bourgade de l’Eure, fait la renommée internationale des jardins et de la maison du peintre Claude Monet. Les chiffres l’attestent : avec une moyenne de 627 000 visiteurs en 2014, par exemple.

Giverny © Fondation Monet

Tout comme le cas de l’appartement-musée d’Alexandre Pouchkine, la maison-musée de Claude Monet a pour volonté de restituer l’univers temporel dans lequel vivait l’artiste. Soulignons la particularité : les visites se déroulent non seulement dans la maison, mais aussi dans les jardins. La maison reste sur le même modèle que le cas Pouchkine : les visiteurs naviguent dans les pièces du rez-de-chaussée, en apercevant la cuisine, la salle-à-manger et sa collection d’estampes japonaises, les salons, pour ensuite accoster à l’étage pour y trouver les chambres et appartements privés du peintre. Le tout évidemment agrémenté d’objets personnels de l’artiste, marquant le contexte et les mœurs de son temps. Les jardins occupent cependant le premier rôle : il s’agit là d’une véritable attraction, aussi bien pour les locaux que les touristes. Qui ne connait pas les Nymphéas et leur fameux pont vert japonais traversant un bassin, à toute heure du jour, à toute saison ? C’est ce passage des saisons et de la lumière si chers à Monet qui fait la vie du lieu.

Cuisine familiale © Danièle Nguyen Duc Long

 

Giverny, au-delà du simple plongeon dans l’univers historique du peintre, est une véritable invitation au voyage au plus profond de l’intimité de son propriétaire, mais aussi de ses inspirations.

Le Pont Japonais © Fondation Monet

 

Graceland : the show must go on

Graceland est le manoir du compositeur-interprète Elvis Presley, légende du Rock’n’roll devenu une des icônes culturelles majeures du XXe siècle.

Elvis in Graceland © Michael Ochs Archivs/Corbis

 

En 2012, pour le 35ème anniversaire de sa mort, le site officiel de l’artiste annonçait le milliard de vente d’albums atteint. Mais, et surtout, sa maison de Memphis, dans le Tennessee, est devenu un véritable lieu de pèlerinage : le nombre de visiteurs varie de 600 000 à 700 000 par an. Ouverte au public depuis 1982, Graceland a accueilli quelque 15 millions de personnes. Contrairement aux maisons-musées précédentes, ce lieu ne désire pas reconstituer un intérieur, mais plutôt de le conserver tel une relique. A la mort d’Elvis Presley en 77, l’intérieur du manoir était déjà comme exposé. Il a simplement fallu pousser quelques meubles pour créer une allée de visite. Autre particularité notable, le meditation garden (jardin des méditations) : tous les Presley, le King inclus, sont enterrés au fond du jardin de la propriété. Graceland se place donc au-delà de la maison-musée pour devenir un véritable lieu de « pèlerinage ».

Grand Salon © Franck Parisel

 

En refusant de s’envisager comme les musées habituels, ce temple d’Elvis propose en annexe un espace d’exposition (The Entertainer Career Museum) dédié aux lubies de l’artiste, spécialement créé pour exhiber ses instruments, ses costumes de scène, ou encore les quelques 14 voitures, dizaine de motos, avion et jet privé que « Le King » possédait. Vous voilà transportés…

Elvis’ costumes © Elvis Presley Enterprises, Inc

 

Maisons-musées : lieux sacrés ?

Du lieu éducatif et commémoratif au véritable pèlerinage, ces maisons-musées varient par leurs approches culturelles, mais conservent toutes un point commun : la sacralisation de l’artiste et la recherche d’authenticité.

Une sacralisation qui se remarque par l’approche analogique commune aux trois lieux remarqués : l’esprit de formolisation. La maison, lieu de vie privé où l’artiste adulé se trouve à l’abri des regards extérieurs, devient alors un musée, lieu ouvert au public. Une intimité sacralisée où le visiteur est invité à entrer.

De Saint-Pétersbourg à Memphis, cette sacralité s’incarne en fonction de l’approche culturelle du pays de l’artiste : l’intelligence et la sensibilité d’Alexandre Pouchkine, l’émotion de l’homme inspiré qu’était Claude Monet, et enfin la bête de scène, le show dramatique sur-joué à l’américaine qu’incarne le souvenir d’Elvis Presley…

 

Julia Parisel

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Pour en savoir plus :

Musée Pouchkine

Fondation Claude Monet Graceland, Home of Elvis Presley