Au milieu de l’obscurité la Scène impressionne… salle de spectacles et de conférences, reliée à la nef transparente et lumineuse du Louvre-Lens, elle appelle au prolongement des sens par l’univers des arts vivants qui en cette soirée hivernale du mois de mars a présenté Three Spells de Damien Jalet.


Hall de La ScèneCrédits : L'Art de Muser

 

Le visiteur, accueilli dans un hall jonché d’une mosaïque de fleurs (œuvre contemporaine réalisée par l’artiste Yayoi Kusama), pourra se laisser agréablement surprendre. La  composition dévoile boutons, feuilles et fleurs centrées par de grands yeux ouverts sur le monde…qui ce soir là offrait la danse …

Three spells est le fruit d’une collaboration entre Damien Jalet, Alexandra Gilbert, Sidi Larbi Cherkaoui et le musicien Christian Fenez.

Ce triptyque de courtes pièces met en scène la puissance fougueuse et sensuelle du duo Damien Jalet et Alexandra  Gilbert.

Entre spiritualité et surréalisme, les chorégraphies, telles des rites, oscillent entre animalité et infinie douceur.


Venus in fursCrédits : Arnold Groeschel

 

Venus in furs a été chorégraphié par Damien Jalet pour Alexandra Gilbert. Superbe métamorphose d’un corps sous l’effet d’une mue donnant naissance à une femme rejetant sa part animale. Dans l’espace neutre magnifié par une lumière discrète, une acoustique musicale envoûtante, le chant des deux interprètes surgit au final comme un cri.


Crédits : Arnold Groeschel

 

Akeko s’ouvre également dans un espace son lumière tout aussi discret et dévoile le corps d’une gitane cachée sous une impressionnante chevelure noire. Sa danse évolue dans la manipulation de cette chevelure qui devient comme porteuse de sa propre gestuelle. Sous cette extrême fluidité, des éléments de l’univers folklorique des balkans et mythes japonais ont inspiré cette nouvelle de Pouchkine chorégraphiée par la complicité de Sidi Larbi Chearkaoui et Damien Jalet. L’histoire évoque un exilé russe qui en proie à sa passion va tuer sa propre femme. Damien Jalet exulte une magnifique et toute puissante interprétation.


Crédits : Arnold Groeschel

 

Venari clôt ce triptyque. Rituel de la chasse à courre, le mythe grec d’Actéon. Chasseur transformé par la déesse Arthémise et les études de Georges Bataille sur la peinture pariétale ont été les sources de ce solo. Pause du geste comme un silence et éclat du corps dans l’espace s’alternent subtilement pour donner vie à la mort… Sublime Damien Jalet ! et merveilleuse approche du Louvre Lens…

 

Isabelle Capitani