« David Bowie is …an alien ». Oui…je n’ai pu m’empêcher de poursuivre le titre de l’exposition car, entre nous,n’est-il pas là pour nous y inciter ? Je saisis donc l’occasion pour vousfaire un débriefing de mon voyage interstellaire à la Philarmonie de Paris.

Créditphotographique : La Philarmonie de Paris

 

« David Bowie is …an alien ». Oui…je n’ai pu m’empêcher de poursuivre le titre de l’exposition car, entre nous,n’est-il pas là pour nous y inciter ? Je saisis donc l’occasion pour vousfaire un débriefing de mon voyage interstellaire à la Philarmonie de Paris.

There’sa Starman waiting in the sky. He’d like to come and meet us but he thinks he’dblow our minds […] He told me: Let the childen lose it, let the children use it[1]

Crédit photographique : P.

 

Sortie du métro parisien : Leshalles, la cité de la musique, sa verdure et son mobilier urbain rouge. Rien nesemble avoir changé au parc de la Villette. Si ce n’est…cette immense navettespatiale argentée à côté de la cité de la musique. Les reflets du soleilsur ces tuiles d’aluminium m’éblouissent tandis que je me laisse guider vers ce vaisseau intergalactique dédié à la musique inauguré en janvier 2015. Le bâtiment est fascinant.

Mais une fois entré, j’appréhende un peu. Des  éléments de constructions trahissent un ouvrage encore en travaux … j’espère simplement querien ne va s’effondrer mais, comme certains fans, je suis trop impatient pour faire demi-tour. Une fois à l’accueil, l’agent m’invite à m’équiper d’un audioguide intelligent. J’écoute ses instructions: « C’est très simple. Il n’y a pas de boutons. Vous avez simplement à vous approcher de l’entrée et l’expositionfera le reste ». Entre scepticisme et excitation, je pose le casque sur mes oreilles. Il grésille. Tandis que je franchis le seuil de l‘exposition, un faible écho musical semble perceptible. Puis l’intro de « SpaceOddity »  se met à sonner. Le voyage peut alors commencer.

 

Ten, nine,eight, seven, six, five, four, three, two, one, lift off. This is Ground control to Major Tom…[2]

Dans une ambiance sombre et intimiste, la musique vous emporte et vous berce au gré des séquences qui dépeignent l’artiste. Elle vous fait oublier toute notion de temps. Une première salle nous présente la naissance d’une icône jusqu’à son premier voyage fictif dans l’espace en 69. Des écrits, des dessins, des objets personnels sont accompagnés de cartels que je ne me suis pas lassé de lire. Chaque objet fait sens et ne tombe pas dans l’illustratif.  

30 minutes plus tard, je me rends compte que je suis toujours dans le premier espace, à travers le continuum de sa jeunesse. Je prends conscience du monde qui m’entoure. Bowie est autour de nous, il est l’espace dans lequel nous circulons. Le parcours n’est pas uniquement chronologique mais aussi thématique. On retrouve de manière complète mais loin d’être exhaustive ses influences, ses voyages, ses personnages, sa méthode de travail, sa palette d’artiste, ses époques et ses tendances… Les différentes thématiques s’enchevêtrent et se répondent. Elles se font écho l’une l’autre. Voilà ce que cherchent à vous faire ressentir les deux commissaires de l’exposition. Bowie est partout.

Crédit photographique : P.

 

La mise en espace est d’ailleurs parfois déroutante. Elle prend la forme d’une déambulation dont la musique est la ligne conductrice à travers les différentes planètes de Bowie. Le voyage est parfois frustrant car nous sommes désorientés par la profusion de séquences mais cela est pardonnable. David Bowie a toujours voulu déstabiliser son public au travers de ces multiples facettes. L’exposition ne fait que suivre les différentes directions que sa carrière a tracées.

Au départ, nous nousimaginons que la musique évolue au fil de notre pérégrination mais ce n’est pas le cas. Ce sont nos déplacements à proximité de points stratégiques qui déclenchent le son et nous guident à travers l’exposition. Ce n’est plus uniquement le regard qui invite à appréhender l’espace mais aussi le son. Nous pouvons entendre la voix de Bowie chanter, jouer et nous parler au creux de notre oreille. Il est là quelque part autour de nous.  

 

Changes. Turn and face the strange […] Changes. Just gonnahave a different man. Time may change me but I can’t trace time[3]

Nous regardons des indices : des brouillons de ses textes, des accessoires de scènes  ou encore des mannequins portant ses costumes de scènes. Seulement il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte que la fréquence audio est toujours associée à un écran. Et c’est peut-être là que le bât blesse. Le visiteur est inlassablement invité à se tourner vers un écran ou une projection murale. Cela nuit parfois au confort de l’exposition. Le public s’agglutine devant les écrans et les costumes mis en scène. La circulation devient alors perturbée et on est à la limite de perdre patience pour voir une simple vitrine.

Si l’afflux de visiteurs est un obstacle à travers cette quête de Bowie, observer le public m’a captivé car, dans ce voyage dans l’univers de Bowie, nous ne sommes pas aussi seuls que le suppose ce casque qui isole. Le public se permet des petites libertés. Les fans chantent comme à la maison, les adeptes se laissent aller à faire des commentaires à haute voix : l’ambiance est conviviale. Bowie est partout !

Un damier au sol en interaction avec neuf écrans nous le traduit ingénieusement. Selon neuf cases sur lesquelles vous vous placez, le son d’un des clips diffusés sur un des écrans se déclenche. D’une case à l’autre vous voyagez à travers ces différentes dimensions. Bowie n’est pas qu’une étoile mais plusieurs étoiles qu’il a été, qu’il est et qu’il restera. En y pensant, nousne sommes pas loin de l’adoration et du culte de la personnalité.

Crédit photographique : P.

 

Believingthe strangest things, loving alien…[4]

Pour ceux qui ont été envoûtés par le chant des sirènes…ou plutôt de Bowie …Il vous est possible de finir votre visite dans une salle d’ambiance. Affalé dans un canapé, des images deconcerts de Bowie sont projetées sur l’ensemble des parois en toile derrière lesquelles se cachent des costumes flottants dans l’obscurité. A défaut de trouver une place pour profiter pleinement de cette aire de repos après près de 2h d’exposition, je quitte le navire à contre cœur. A la sortie, délesté de mon équipement auditif, la lumière de l’extérieur et le passage inévitable par la boutique me ramènent brutalement sur terre. Mais c’est avec les yeux et les oreilles pleines d’étoiles que je repars de cette exposition.

Exposer Bowie est un défi brillamment relevé pour les fans comme pour les novices.  La presse n’a de cesse de parler d’ « Odyssée », de « Voyage dans l’espace », d’ « Ovni » à propos de Bowie et son exposition. Les qualificatifs ne sont pas de trop à la Philharmonie de Paris. Le lieu, de par sa fonction et son architecture, est l’endroit idéal pour accueillir la rétrospective de la vie de cette icône. L’exposition dépeint un esprit infiniment miroitant et polymorphe. L’exploit est réussi. Il ne vous reste plus que jusqu’au 30 mai 2015 pour partir en voyage sur Mars avec David Bowie, l’extraterrestre aux yeux vairons.

Oh man ! Look at those cavemen go. It’s a freakiest show. Take a look at the Law man beating up the wrong guy. Oh man! Wonder if he’ll never know? He’s in the best selling show. Is there life on Mars?[5]

 

Persona

Pour en savoir plus :

http://davidbowieis.philharmoniedeparis.fr/

#David Bowie

#Musique

#Immersion


[1] Bowie David, Starman, The Rise and Fall of ZiggyStardust and the Spiders from Mars, 1872.

[2] Bowie David, Space Oddity, Space Oddity, 1972.

[3] Bowie David, Changes, Hunky Dory, 1971.

[4] Bowie David, Loving the Alien, Tonight, 1985.

[5] Bowie David, Life on Mars ?, Hunky Dory, 1971.