Un dimanche après-midi unpeu gris, j’étais de passage à Paris pour rendre visite à une amie. Nous avons décidé d’aller visiter une expo’ : Garry Winogrand au Jeu de Paume. Nevous inquiétez pas, je ne vais pas vous raconter ma vie … mais j’ai très envie de vous parler ce que j’ai vu, là-bas.

Le Jeu de Paume propose une programmation d’expositions temporaires très riches. De jeunes artistes yont été présentés mais également des figures emblématiques de l’art moderne et contemporain, notamment des photographes ayant marqué l’histoire de l’art du XXème siècle. Les clichés de Diane Arbus, Richard Avedon ou encore de Robert Franck ont été exposés dans l’enceinte de l’établissement. Depuis le 14 octobre, c’est l’américain Garry Winogrand (1928-1984) qui fait l’objet d’une grande rétrospective, la première depuis vingt-cinq ans. Elle a d’ailleurs été réalisée en collaboration avec le San Francisco Museum Of Modern Art et la National Gallery of Art de Washington.

D’abord photographe pour des magazines, Garry Winogrand s’est ensuite intéressé à la photographie « de rue ». A New York, il débuta une série de photographies de personnes, en action, riant aux éclats devant les magasins, discutant dans les cafés ou patientant devant un feu rouge. Pendant près d’une trentaine d’années, Garry Winogrand a fait le portrait de l’Amérique en « mitraillant » avec son objectif les lieux, les gens, les événements importants et dérisoires. Ce sont des moments de vie qu’a saisis le photographe, illustrant un pan entier de l’histoire des Etats-Unis qui s’étend de la fin de la Seconde Guerre Mondiale à la période de la guerre du Viêtnam. La curiosité de Garry Winogrand était insatiable : plus de 6000 pellicules n’avaient pas été développées lorsque l’artiste est décédé. Une grande partie des clichés présentés ont été tirés spécialement pour l’exposition.

«Parfois, c’est comme si […] le monde entier était une scène pour laquelle j’ai acheté un ticket. Un grand spectacle, mais où rien ne se produirait si je n’étais pas sur place avec mon appareil. » G.W

J’ai beaucoup aimé le fait que des planches-contacts originales soient exposées. Une marque au feutre rouge faite par l’artiste signale sur chacune d’elles l’image qui devait être tirée.


G. Winogrand  Park Avenue New York1959
© The Estate of Garry Winogrand, 
courtesy Fraenkel Gallery,San Francisco

G. Winogrand, New York,Vers 1962
© The Estate of Garry Winogrand, 
courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

 

L’exposition est dotée d’une scénographie très simple, tout comme l’accrochage qui est extrêmement sobre. Le parcours se déroule de façon chronologique, suivant les grands jalons de la carrière de l’artiste. Trois parties séquencent la visite : la première, « descendu du Bronx », présente des photographies prises à NewYork, de 1950 à 1971 ; la seconde, « c'est l'Amérique que j'étudie », rassemble des travaux réalisés durant la même période mais hors de New York ; enfin, « splendeur et déclin », montre les photographies de l’artiste de 1971 jusqu’à sa mort en 1984. L’exposition est très intéressante car elle donne à voir l’ensemble de la production de Garry Winogrand jusqu’à sa disparition.


Vue de l'exposition© A.M

 

Les premières photographies de l’artiste sont pleines de vie et de mouvement ; elles sont presque bruyantes. C’est comme si l’on pouvait entendre le bruit des klaxons et de la foule. Sa  manière de cadrer est très dynamique, très directe. Garry Winogrand a photographié des personnalités et des anonymes, des gens aisés comme les plus pauvres. J’ai vraiment été enthousiasmée par ce début d’exposition. Je me suis mise à penser à l’histoire de ces personnes : qui elles étaient, ce qu’elles faisaient là… La photographie immortalise comme nul autre les petits moments de la vie. J’ai été touchée par le regard profondément humain de l’artiste. Ses photographies dégagent une atmosphère de liesse mais aussi un profond sentiment de désarroi. 


G. Winogrand, New YorkVers 1960
© The Estate of Garry Winogrand, 
courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

G. Winogrand, Los Angeles,1964© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

 

Les dernières productions de l’artiste n’ont plus ce même mouvement qui caractérisait le début de son travail. Les scènes sont plus figées, les personnes, plus immobiles et isolées.


G. Winogrand, Los Angeles1980-1983© The Estate of Garry Winogrand, courtesy Fraenkel Gallery, San Francisco

 

Vous l’avez compris, j’ai été touchée par Garry Winogrand et séduite par l’exposition (sobre mais efficace) du Jeu de Paume. On peut, cependant, s’interroger sur le choix de certaines photographies. Des centaines sont présentées et certaines d’entre elles m’ont semblé moins pertinentes d’un point de vue plastique. Néanmoins l’ensemble forme un tout cohérent qui témoigne de la personnalité de l’artiste. J’ai également beaucoup aimé écouter les visiteurs parler, imaginer les histoires de ces photographies durant l’exposition…. Bref, je voulais vous donner envie d’aller visiter cette exposition.

 

Astrid Molitor

A découvrir jusqu'au 8 février 2015

Pour en savoir plus : Le site de la galerie du Jeu de Paume

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