Antarctica, c’est avant tout une exposition d’images, celles de la mission du même nom. L’association Wildtouch a recruté 11 hommes, dont Luc Jacquet (réalisateur de La marche de l’empereur et instigateur de l’expédition), Laurent Ballesta, Vincent Munier et Jérôme Bouvier tous artistes-scientifiques, qui durant 45 jours sont partis sur la base de Dumont d'Urville en Antarctique avec pour objectif de récupérer des images de la faune et flore locale à travers leurs appareils.

© Laurent Bellesta

Une exposition imagée

Cette mission quis’est déroulée d’octobre à décembre 2015 était à la fois scientifique et artistique. Malgré les températures polaires, et les conditions ardues qu’impose le climat au matériel et aux hommes, ils ont réussi à faire ressortir tout un écosystème méconnu. Grâce à un équipement de plongée très performant (et très lourd, environ 90kg pour la plongée), et des appareils de capture d’images très modernes, les reporters ont eu la possibilité de filmer et photographier des espèces habituellement inatteignables.

Cette documentation sur les modes de vie des êtres sous-marins d’Antarctique est exceptionnelle. Antarctica nous fait découvrir des animaux et des plantes aux allures martiennes, si particulières que l’on peut douter parfois de leur existence. Il y a peu de textes dans cette exposition, et ceux-ci sont toujours présentés de manière très visuelle. Les informations sont écrites en couleurs, dans différentes formes, tailles, calligraphies, comme sur un tableau d’école. Cela permet d’attirer l’œil mais est parfois un peu gênant pour la compréhension. Tout est écrit au même endroit, nuisant parfois à la distinction entre les différentes données. De plus, les renseignements sont déséquilibrés : nombreuses sur les espèces terrestres puisque celles-ci sont observables depuis de nombreuses années et beaucoup moins sur les sous-marines simplement citées.

C’est par le vestiaire que commence cette fabuleuse exploration. La première pièce de l’exposition est une réplique « exacte » du lieu où se préparent les plongeurs avant de faire le grand saut. Ainsi le visiteur se glisse directement dans leur peau. Au premier regard il perçoit le poids des combinaisons et du matériel, il entend le grondement du vent au dehors, ressent même le froid qui entre par la porte fermée de la cabine. Les conditions sont optimales pour débuter l’immersion. S’ensuit dans les salles suivantes un ensemble de photos et de vidéos toutes plus magnifiques les unes que les autres.

L’essentiel est visuel, des schémas très parlants montrent par exemple les différents courants traversant les océans qui l’entourent. Mais le visiteur reste passif, il reçoit les images, ressent l’expérience mais ne la vit pas.  Les vidéos sont magnifiques, les images en haute définition sont impressionnantes, le dispositif des diffusions est intéressant, aucun écran n’est posé de la même façon. Il y a toujours une scénographie autour des vidéos, faisant qu’Antarctica n’est pas une exposition de films monotones où l’on passerait d’une salle de cinéma à l’autre.

 

L’homme et l’animal

Ces artistes-scientifiques ne se sont pas intéressés qu’aux espèces sous-marines, les différentes espèces d’oiseaux de l’Antarctique sont évoquées pour le ciel et les manchots et phoques sont omniprésents dans chaque pièce. Ces derniers n’avaient pas peur des caméras et été très curieux. Cette proximité donne des images magnifiques où l’homme et l’animal se confrontent. L’attachement, l’affection que portent ces chercheurs à l’objet de leur travail est flagrante. Il y a un regard presque amoureux de la caméra, qui donne envie de s’attacher à ces animaux pourtant à des kilomètres de nous.

© Vincent Munier

 

Ce rapport Homme/Animal se retrouve aussi dans toutes les explications. Les animaux dans leurs performances de plongées par exemple sont comparés aux humains. Les textes humanisent beaucoup les créatures, renforçant l’affection par identification. Dans les images de la mère phoque qui apprend à nager à son enfant, c’est réellement une mère et un enfant qui sont observés et non des phoques.

 

Les enjeux climatiques

Bien que les enjeux climatiques soient le but premier de cette exposition et de cette expédition, ils ne sont pas beaucoup posés tel quels. Au détour des quelques informations, on apprend que le réchauffement climatique perturbe les courants qui menacent ainsi la biodiversité de ce continent, que la fonte des glaces, sa fragilité grandissante, menace certaines espèces. Mais le problème n’est pas forcément visible dans les images qui sont le principal contenu de l’exposition. Il y a plus une envie de faire apprécier le voyage dans ces terres, de faire découvrir et aimer cette biodiversité pour avoir envie de la protéger. Ici pas de ton moralisateur, accusateur, seulement une envie de partager l’amour de l’Antarctique, et c’est un pari réussi, notamment avec la dernière salle, sans contenu scientifique mais avec un dispositif qui en met pleins les yeux.  

Photo de l’exposition sur le toit des galeries Lafayette. © O.DS

 

Et après ?

L’exposition qui devait être présente jusqu’au 31 décembre 2016, est prolongée à la date du 16 avril 2017. En outre, des traces de l’expédition Antarctica seront visibles dans toute la France : les galeries Lafayette diffusent des photos de l’expédition depuis le 8 novembre sur la terrasse des galeries à Paris ; de plus l’équipe présentera son projet au festival de photos de Montier-en-Der le 17 novembre, enfin sont en préparation des documentaires en collaboration avec Arte.

 

Océane De Souza

#Luc Jacquet

#Antarctique

#Immersion

Pour en savoir plus:

Musée des confluencesExposition AntarcticaWild touch

Antarctica du 26 avril 2016 au 16 avril 2017

Musée des confluences. 69000 Lyon

Tarifs d’entrée : prix d’une visite au musée (Plein tarif :9€ ; Tarif réduit : 6€ ; Tarif pour tous à partir de 17h00 : 6€ ; Tarif 18 – 25ans : 5€)