Très chère petite sœur,


Je t'écris car je sais que tu es intriguée par mon stage au Musée de Bretagne. Déjà, sache que c'est ma première longue expérience dans un musée et que j’en suis ravie. J’ai conscience que cela ne t’est pas familier, aussi je vais tout t’expliquer. 

Pour commencer, le Musée de Bretagne est un musée ethnographique, ses collections sont des objets permettant de retracer la vie sur le territoire breton. De la Préhistoire à aujourd’hui, il y a des objets du quotidien à travers le temps, ainsi que des objets relatifs à l’agriculture ou aux guerres. Il a pour objectif de faire (re)découvrir l’histoire de ces terres bretonnes à ses habitants. 

Le musée présente ses collections dans une exposition permanente : Bretagne est Univers. Ce titre d’exposition vient d’un poème de Saint-Pol-Roux à la fois centré sur la Bretagne et ouvert sur le monde. En voici une strophe que j’apprécie tout particulièrement, elle me ramène à la Bretagne mystérieuse :


« Elle sculpta dans le granit un fier domaine
Où les âmes venaient s’allaiter de candeur
Et les bardes épars de l’allégresse humaine
Alimenter leur gloire à sa vieille splendeur.
Elle eut des rois, elle eut des saints, elle eut des fées.
Elle émit des chefs-d’œuvre au constant devenir.
Chère à la France où ses légendes sont greffées,
La Dame de sa proue sourit à l’avenir. »

Strophe VI


J’ai l’opportunité de consacrer certaines de mes après-midis au sein de l’exposition, où travaille le personnel, dont les médiateur/rices et les agents de sécurité. Je travaille en grande partie dans cet espace que j’ai appris au fil des premières semaines à apprivoiser car c’est un long parcours de 2000 m2. J’ai plusieurs missions au musée. La plus importante, c’est d’aller à la rencontre des visiteur/ses afin de savoir ce qu’ils pensent de l’exposition. Je réalise ainsi des entretiens à la fin de leur visite. J’apprends à établir ce contact, fragile et fugitif, aboutissant sur une rencontre unique. C’est très enrichissant de pouvoir échanger avec les visiteur/ses parce que cela met des mots sur des objectifs fixés. Lorsqu’une exposition est construite, on pense au visiteur/se afin que tous les éléments lui soient clairs. Souvent, une fois l’exposition ouverte, une enquête est menée et on cherchera à savoir ce que pense le public. Puis l’exposition vit et le public continue de la fréquenter. Ce que je fais va permettre de se redemander quels sont les avis des visiteur/ses aujourd’hui. Qu’ont-ils vu ? Qu’ont-ils ressenti ? Je découvre leurs points de vue, parfois surprenants, souvent rassurants. Il est captivant de comprendre que la Bretagne réunit autant de passionnés et de curieux. Il y a une véritable identité et le public parvient à faire du lien avec son vécu et ce qui est présenté dans l’exposition. Echanger avec les visiteurs permet aussi de les connaître : qui sont-ils et pourquoi viennent-ils ? Toutes ces rencontres sont une opportunité pour le musée de revoir l’exposition sous un nouvel angle. En effet, comme tout évolue rapidement : les modes de visite sont par exemple influencés par le développement des technologies, il semble alors important de chercher à réévaluer les envies des visiteurs quant au contenu et au discours de l’exposition pour leur proposer une visite de qualité.


Entre deux entretiens, je déambule à mon tour dans les espaces rendus vivants par l’ensemble de sons diffusés. Tous ces objets figés, en attente de contemplation, de regards, d’attention, ont été soigneusement positionnés il y a déjà une dizaine d’années. Et pendant que les êtres, eux-mêmes qui ont créé, porté, utilisé ces objets sont toujours plus en mouvement, ces objets sont présentés sous leur plus beau jour les uns par rapport aux autres.  C’est ce que les primo-visiteurs, ceux qui viennent pour la première fois, trouvent « moderne » ou « contemporain ». 

Il est fascinant de travailler dans ces espaces âgés de treize ans ayant vécu quelques modifications mais apparaissant aux yeux de ses explorateurs comme presque neufs. Peut-être que l’architecte et le scénographe avaient consulté Merlin l’Enchanteur. 

Pour faire vivre cette exposition permanente, elle est alimentée grâce aux expositions temporaires qui croisent des éléments communs aux collections. En ce moment, l’exposition temporaire Rennes, les vies d’une ville peut trouver des résonnances dans le permanent, cela est notamment fait grâce à des visites spécifiques. 

Ce qui est certain, c’est que dans ce lieu où chaque objet semble se montrer malicieusement à celui qui le regarde, je me forme et j’apprends de toutes ces petits moments tant sur le plan professionnel que personnel. Je suis comme un arbre : aujourd’hui mes racines sont bien ancrées et le tronc se développe peu à peu. Plus je découvre et m'émerveille du monde muséal, plus cela me devient familier et me donne envie de grandir et de me déployer. 

Tu sais maintenant ce que je fais, ce que je vois, ce que je ressens au Musée de Bretagne. J’espère t’avoir éclairée et peut-être que de bienveillants korrigans t’amèneront jusqu’au musée.

Avec tendresse, 

Ta grande sœur. 

L.L.

#Brèvedestage

#Enquêtepublics

#MuséedeBretagne


Si tu es curieuse : https://www.musee-bretagne.fr

Quelques croquis et photographies :

 

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Meubles croqués dans l’espace d’exposition © L.L.

 

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Espace d’exposition, Du 19e siècle à nos jours © L.L.

 

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Espace d’exposition, vitrine S’habiller en Bretagne © L.L.