Une convention relative à l’émigration et à l'immigration est signée le 3 Septembre 1919 entre la France et la Pologne. Celle-ci a organisé le déplacement d’un demi-million de travailleurs polonais en France, permettant à cette dernière de répondre à la pénurie de main d’œuvre causée par le Première Guerre mondiale et, pour la Pologne, de résoudre en partie le problème de la misère des populations rurales, dans un pays à la structure agraire et au secteur industriel insuffisamment développé. L’immigration s’est en conséquence implantée dans les régions fortement meurtries par la guerre et, notamment, le Pas-de-Calais (115 300 habitants dans les régions minières, soit 22,7 %, en 1931 mais aussi sur les terres agricoles pour environ 15 %). Cent ans après, le Département du Pas-de-Calais, par le biais de ses Archives départementales, souhaite interroger l’empreinte des Polonais sur son territoire ainsi que la mixité qui a résulté de son insertion à la population locale, en commémorant l’un des événements fondateurs de son histoire récente.

Retracer cent années de la vie d’une communauté est loin d’être aisé. Souvenirs, ressentis, expériences, chacun a sa propre histoire. L’exposition invite le visiteur à (re)découvrir cette communauté polonaise au travers de thèmes au sein desquels sont abordés les points forts de ce siècle. Ces thèmes sont transversaux : certains peuvent couvrir une longue période alors que d’autres sont attachés à un fait ou un moment donné. Le choix des différents thèmes s’est porté sur ce qui existe de commun entre des communautés distinctes ; cela dans le but de parler à l’humain présent en chacun d’entre nous. Travaillés sous le prisme des Polonais du Pas-de-Calais, les thèmes se répartissent entre entre le travail, l'école, la Seconde Guerre mondiale, les coutumes, les expulsions, la vie associatives et bien d'autres encore.

 

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Vue de l'exposition « Sto Lat ! La Polonia a cent ans ». © Serge Chaumier

 

La scénographie, conçue par l'agence Présence, se prête au concept itinérant de l'exposition. Chaque thème correspond à un module associé et le parcours en comporte douze. Il était primordial que la scénographie soit le miroir des thématiques en valorisant les archives proposées. Celles-ci se déclinent sous plusieurs formes : des reproductions aux fac-similés en passant par des originales, une multitude de supports est proposée aux visiteurs afin qu'ils puissent s'approprier ces archives, leur patrimoine.

 

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Visiteur utilisant un fac-similé. © AD62 – Laï Nam Thai

 

Les médiations avec le public sont au cœur de l'exposition. Elle se compose d'abord de quatre dispositifs pédagogiques qui proposent principalement aux enfants de découvrir différentes facettes de la culture polonaise. Associées avec le thème du module qui la comporte, elle se répartissent ainsi :

  • pour le travail à la mine, le jeu « Trouve Charlowski » permet de découvrir les métiers de la mine reliés aux différentes lampes de mineurs qui se sont succédées au travers des époques ;
  • en rapport avec l'émergence du commerce polonais, les enfants doivent deviner quels étaient les produits transportés par un marchand ambulant polonais ;
  • afin de faire découvrir les fêtes polonaises, une activité s'appuyant sur les mots amène les joueurs à déchiffrer les différentes coutumes qui ponctuent une année ;
  • enfin, en parallèle du thème « cercle familial » qui évoque la musique, les jeunes visiteurs sont invités à recréer un orchestre polonais.
Bien que ces quatre dispositifs aient été pensé pour les enfants, elles sont ouvertes à tous publics. L'exposition en propose aussi d'autres, par exemple, le thème évoquant la vie dans les corons recrée un intérieur polonais avec des éléments évocateurs d'un intérieur typique aux années 60. Une dernière médiation très importante se place dans le module dédié à la Seconde Guerre mondiale où il est question de « donner une voix » aux déportés juifs polonais. En effet, la communauté juive polonaise du Pas-de-Calais fut décimée pendant la Shoah, très peu ont pu revenir et témoigner. Deux sur les huit enregistrements audios proposés sont les témoignages de descendants de déportés. Pour les autres, six personnes ont prêté leurs voix à six personnes raflées et assassinées alors, leurs parcours ayant été retracés par les Archives pour cette exposition afin que jamais leurs voix ne s'éteignent dans l'oubli.
 

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Vue de deux médiations au sein des modules thématiques. © Serge Chaumier

 

L'exposition est le fruit de nombreux partenariats. Elle fut conçue et réalisée, principalement, en collaboration avec la Communauté d'agglomération de Lens-Liévin, l'Institut des civilisations et études polonaises (ICEP) de Lens, le master expographie-muséographie (MEM) de l'université d'Artois et l'École supérieure des arts appliqués et du textile (ESAAT) de Roubaix. En effet, un travail en amont avec ses étudiants a permis de réaliser un parcours sonore formé de cinq dispositifs indépendants chacun relié à un témoignage audio et un objet-totem relié à un thème de l'exposition : le travail, l'école, le cercle familial qui évoque la cuisine et la musique ainsi que celui des traces actuelles qui aborde le langage oral mixte communément appelé « chtiski ».

Pour information, l’exposition se déroule du 3 septembre au 24 novembre 2019 à la Maison syndicale des mineurs de Lens. Celle-ci aura ensuite vocation à être itinérante. L’accès à l’exposition est gratuit ainsi que toutes les prestations proposées.

 

Elise Mathieu

 

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Vous pouvez retrouver toutes les informations nécessaires à votre visite sur le site des Archives départementales du Pas-de-Calais :

http://www.archivespasdecalais.fr/Actualites/Exposition-Sto-Lat