En période de confinement, les musées fermés n’ont jamais autant été visibles virtuellement : c’est peut-être simplement le fait de passer plus de temps sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram..) ou d’une offre proposée plus grande. Ne serait-ce pas le moment d’incarner le rôle social du musée en proposant de nouvelles expositions retraçant les créations artistiques du confinement ?

Pour transmettre et conserver la trace laissée par cette épidémie dans nos quotidiens certains musées de sociétés développent des appels aux dons, ou à la collecte. 

Le temps du confinement dans les Musées

C’est le choix du Musée de civilisation européenne et méditerranéenne (Mucem) qui invite tous ceux qui le souhaitent à faire don d’un objet, de document, ayant eu un rôle dans ce drôle de quotidien, plusieurs institutions incitent les particuliers aux dons. 

Se plaçant en « Musée du contemporain et du quotidien », le Mucem promeut l’image dynamique d’un musée se voulant transmetteur de l’actualité pour les générations futures. La  collecte  « Vivre au temps du confinement » va donner naissance à une nouvelle collection qui sera un témoin direct de nos habitudes, nos vies à cette période. Ces objets, ces documents pourront par la suite être étudiés, ou mis en lumière dans diverses expositions.

 

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Capture d’écran de l’affiche du Mucem ©Mucem

 

Des masques au musée, c’est sans doute l’un des objets qui était le plus attendu dans cette collecte. C’est d’ailleurs ce que souligne la directrice scientifique et des collections, Émilie Girard du Mucem. En effet, ces masques, objets essentiels pendant cette pandémie deviennent une denrée rare et le symbole du virus, mais aussi l’expression de créativité et de solidarité. 

Pourtant, ce ne sont pas eux qui affluent en masse, bien au contraire. Objets réinventés, échanges épistolaires ou en vidéos, paroles de soignants et banderoles de manifestations à 20 heures rythment les propositions envoyées au Mucem.  Accompagnés d’un texte court, ces témoignages donnent vie à ces objets. Cette transmission écrite devient aussi importante que l’objet, pour certains cas ces textes donneront lieux à des échanges oraux. Se sont donc des collectes mêlant matériel et immatériel qui se développent.

Initiative similaire au Musée de la vie wallonne, qui propose également de récupérer des archives tels que des dessins, affiches et des objets pour créer la mémoire locale de cette crise sanitaire. Là encore des masques aux couleurs des équipes de foot locales sont attendus. Même si aucun objet n’est encore arrivé dans le musée, articles de presses, affiches relatant les consignes sanitaires, éléments témoignant du télétravail reflètent le confinement et donc l’intérêt de ces collectes pour les musées de société. Il ne s’agit pas simplement de retracer la vie confinée mais de montrer les alternatives locales mises en place par les entreprises comme par exemple une brasserie se tournant vers la production de gels hydroalcooliques.  

Les musées de sociétés à leurs manières permettent de regrouper ces éléments au moment où certains souhaiteront voir disparaître ces objets associés au virus, à la crise ou à la mort. La mise en lumière du vivre local prône. Se sont donc les alternatives sous toutes ses formes pendant le confinement et le déconfinement que souhaitent (re)découvrir ces collectes.

À l’instar du Musée de l’Éducation Nationale de Rouen qui réfléchit également à lancer un appel à la collecte pour témoigner de l’impact du confinement sur l’enseignement. L’école à la maison c’est du jour au lendemain imposé dans de nombreux foyers. Véritable phénomène, plusieurs parents ont dû faire preuve d’imagination pour varier les enseignements. Collecter ces témoignages et ces alternatives proposées soit par les instituteurs/professeurs ou soit par les familles représente un vrai enjeu, parti pris.

Les archives départementales et municipales sont elles aussi au rendez-vous pour collecter et recevoir les dons.
#Mémoiredeconfinement, c’est le hashtag choisi par les Archives départementales des Vosges pour recevoir une partie des témoignages par le biais des Réseaux Sociaux. Les Archives du Monde du travail (Roubaix) participent à cette initiative dont la volonté est ici de documenter la transformation du travail dont le fameux télétravail. En effet, nombreux d’entre nous se sont retrouvés en télétravail donnant lieu à des situations soit inattendues soit peu propices au travail. Participer à cette collecte, c’est construire une mémoire collective des impacts tant positifs que négatifs que le télétravail a joué dans nos vies.

Les archives d’Aix-en-Provence, des Yvelines ou encore celles de Saint-Étienne développent elles-aussi ces nouveaux appels pour concevoir ce nouveau patrimoine en constante évolution. Ce sont donc les archives de demain qui se préparent.

Comment mettre en lumière ces initiatives et de quelle manière pouvons-nous leur donner une place dans les futurs évènements culturels ? Une fois les différentes collectes effectuées une grande exposition donnera-t-elle rendez-vous à la fois aux personnes qui ont participé mais à tous ceux qui le souhaitent également ! Et si ce n’est pas une exposition, quelles mises en commun et collaborations peuvent être faites entre les musées, les archives et les participants. Des rencontres, des colloques sont des pistes possibles à envisager. Et dans combien de temps après 2020 ?

Vers l’exposition du confinement ?  

Depuis plusieurs années parler d’expositions immersives, participatives est de plus en plus courant pour les institutions culturelles. Dans ce cas précis, chacun d’entre nous peut partager une part de son confinement au musée et peut être à l’origine de ces collections. L’essence même du participatif ne se trouverait-il pas là ?

 

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Le confinement s’expose  ©Coline Declecrq et AV

 

Dans une future exposition, j’imagine déjà les masques tant chirurgicaux qu’en tissus, les listes interminables (en tout cas les miennes), les objets du quotidien, mais surtout les dessins, les musiques, les lettres et les témoignages illuminant les murs du musée… Tout pour mettre en lumière le chamboulement provoqué par ce virus au sein de nos foyers et de nos sociétés.

Ce rôle social attribué au musée prend alors tout son sens, les visiteurs pourront à la fois découvrir le confinement mais indirectement celui des autres. Ces expositions pourraient également être le lieu de témoignages et de mise en valeur de ces nouvelles collections. À cette idée, mon imagination est en ébullition. 

Pour le Mucem, intégrer une partie de la collecte « Vivre au temps du confinement » dans une future exposition est déjà en cours de réflexion. Notamment dans l’exposition consacrée au Sida qui est prévue pour 2022, c’est la fin de la collecte que certaines pistes émergeront. Il ne reste qu’à espérer que l’ensemble de ses témoignages, de ses objets, trouve les musées et les centre d’archives et que ces propositions deviennent visibles auprès de tous et toutes. 

 

Anaïs

 


Pour découvrir les initiatives du Mucem et du Musée de la vie Wallonne :

Mucem

Musée de la vie Wallonne

Archives du monde du travail

 

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