En exposant des histoires douloureuses, les musées s’exposent à des risques. Etudions comment les musées québécois traitent l’histoire des pensionnats autochtones dans trois récentes expositions : quels partis-pris muséographiques propres à ce défi délicat et sensible peut-on relever ?

Parmi les thématiques abordées dans les expositions, il est des histoires plus difficiles à raconter que d’autres. Parfois, le sujet est pointu, d’autres fois il est périlleux, mais il peut aussi être douloureux. C’est un travail complexe et sensible quand le musée décide de s’emparer du souvenir d’un passé difficile à accepter. Dans ce travail risqué d’équilibrisme muséographique, les professionnel.le.s peuvent garder en point de mire un espoir justifiant leurs efforts : une exposition n’est-elle pas un outil puissant pour travailler collectivement autour d’un passé douloureux ? Moyennant quelques tensions et frictions, le musée n’a-t-il pas ce pouvoir, quand il ose s’emparer de ces sujets sensibles, de penser – et peut-être de panser - les plaies de la société ?

Si toutes les sociétés ont sûrement dans leur histoire des épisodes difficiles à digérer collectivement, le cas du Québec est particulièrement intéressant à étudier ici. Les musées font partie des différents outils mis en place pour guérir les blessures et soulager les tensions créées par le passé colonial. C’est à travers un champ d’étude nommé « muséologie décoloniale » que le monde muséal affronte cette mission complexe.

Au sein du terrain d’observation privilégié qu’est la muséologie québécoise, un sujet est singulièrement pertinent pour éclairer cette question de la prise en compte de sujets difficiles à traiter : celui des pensionnats autochtones. Pour comprendre l’importance de cette histoire dans la société québécoise et notamment dans ses musées, il convient d’en dire un peu plus sur ces pensionnats autochtones, un pan de l’histoire canadienne trop peu connu, notamment en Occident.

Les pensionnats autochtones, point de crispation de l’histoire canadienne

Perte des terres et réserves, christianisation forcée, perte des traditions, violences, racisme de la justice et de la société tout entière, difficultés économiques et psychologique etc. : les sujets sont nombreux pour faire comprendre les impacts considérables de l’entreprise coloniale subie par les Premières Nations, Inuit et Métis du Canada. Le cas des pensionnats autochtones semble cristalliser particulièrement de tensions et de sensibilité.

Le système des pensionnats autochtones faisait partie de la politique d’assimilation des puissances coloniales européennes au Canada. En 1894, en modifiant la « Loi sur les Indiens », le gouvernement a imposé la fréquentation des pensionnats aux enfants autochtones qui, séparés de leur foyer et de leur mode de vie, étaient contraints d’y adopter une langue – le français ou l’anglais – une religion – le christianisme – et des coutumes nouvelles. 150 000 enfants, selon les estimations, ont été scolarisés dans ces écoles religieuses dont la dernière n’a fermé qu’en 1996.

Face à la violence de ce système, des résistances et protestations se sont élevées, pendant l’activité des pensionnats et après leur fermeture, afin de faire prendre conscience à la société canadienne des séquelles subies par les survivants. En 2008, le gouvernement a exprimé des excuses officielles. Des indemnisations ont été accordées, et ont permis la création de la Commission de vérité et réconciliation. En 2012, le rapport de la commission a été rendu public, énonçant 94 appels à l’action. Le 79ème demande « la commémoration des sites des pensionnats, de l’histoire et des séquelles de ces pensionnats et de la contribution des peuples autochtones à l’histoire du Canada. »

Si la réconciliation est l’affaire de l’ensemble de la société, les musées ont leur rôle à jouer dans la présentation de cette histoire pour ouvrir une discussion sur ses sujets traumatiques et donc participer à la réconciliation. De nombreuses expositions ont été réalisées sur ce sujet.

Récemment, le souvenir des pensionnats autochtones a rejailli avec la découverte, en 2021, de restes de plus de 200 enfants sur le site d’un ancien pensionnat, prouvant, si cela était encore nécessaire, la violence de ce que la commission de vérité et de réconciliation désigne comme un « génocide culturel ». Cette sombre actualité révèle encore l’importance du cas des pensionnats dans la discussion sur la relation coloniale entre Autochtones et Allochtones, discussion qui a comme terrain privilégié le musée.

Comment ce sujet si important de l’histoire canadienne et donc crucial dans le processus de réconciliation est-il pris en charge par les musées ?

Nous proposons de dégager quelques partis-pris muséographiques de la visite, l’été 2022, de trois expositions consacrées aux pensionnats dans des musées québécois : le Musée McCord Stewart à Montréal, le musée de la Civilisation à Québec et le Musée canadien de l’histoire à Gatineau. Mobilisés pour la présentation des pensionnats autochtones, ils sont autant de pistes qui pourraient être appliqués à d’autres sujets dont la présentation est compliquée par un poids émotionnel négatif trop fort.

Premier parti-pris : avertir le visiteur

Au même titre que les avertissement ou restrictions d’âge qui alertent avant le visionnage d’un film, le musée peut alerter le visiteur sur un contenu qui pourrait être choquant ou trop difficile émotionnellement à recevoir.

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Musée canadien de l’histoire de Gatineau, Salle de l’histoire canadienne – Photographie : RV

 

C’est la précaution que prend le musée canadien de l’histoire à Gatineau dans le nouveau parcours intitulé « salle de l’histoire canadienne ». Sur le mur du couloir menant à l’espace consacré aux pensionnats autochtones est affiché de manière très visible l’avis suivant :
« Cette section porte sur les expériences autochtones dans le Canada moderne et présente du contenu lié à l’histoire des pensionnats autochtones. Elle comprend notamment des témoignages écrits et vidéos sur les souffrances et les abus vécus par les survivantes et les survivants. Il s’agit d’un traumatisme intergénérationnel qui continue de faire ressentir ses effets aujourd’hui.

Si vous préférez ne pas visiter cette section, vous pouvez continuer votre visite en vous dirigeant vers la gauche, en levant la barrière. »

Il est intéressant de noter que le sujet des pensionnats autochtones est le seul qui bénéficie de ce traitement particulier, alors même que d’autres sujets sensibles, comme les guerres mondiales ou les projets si choquants du Ku Klux Klan, sont traités dans le même parcours. Cela révèle la sensibilité particulière de cette thématique. L’impact émotionnel potentiel sur les visiteurs est tel que le musée relaye un numéro téléphonique de soutien de l’Indian Residential School Survivors Society.

On pourrait s’étonner que le musée, alors même qu’il décide d’affronter et de transmettre cette histoire trop souvent ignorée, mette en place une circulation particulière permettant aux visiteurs de ne pas s’y confronter. On peut toutefois comprendre ce choix - en pensant aux survivants, survivantes et leurs proches pour qui cette histoire représente un traumatisme – et même l’apprécier : cette précaution permet en effet de ne pas modérer le propos et de donner une vision franche de cette réalité.

Deuxième parti-pris : Plonger le visiteur dans une ambiance particulière grâce à la scénographie

Certaines atmosphères sont propices au recueillement personnel, quelle que soit la forme qu’il prenne selon les sensibilités. Par la scénographie, les musées peuvent mettre le visiteur dans les conditions de réception d’un sujet délicat. Cet effet de l’atmosphère est d’autant plus fort quand il contraste avec le reste de l’espace d’exposition.

Cette démarche est particulièrement visible dans l’exposition Voix autochtones d’aujourd’hui proposée par le Musée McCord Stewart de Montréal. La scénographie joue sur la symbolique de la forêt, si importante pour les sociétés autochtones. Dans le premier espace, consacré aux traditions et aux modes de vie antérieurs à la colonisation, les murs sont recouverts d’une image de forêt verte, lumineuse et luxuriante. Le contraste saisit le visiteur quand il pénètre dans la deuxième partie, consacrée aux conséquences de l’arrivée occidentale, et notamment aux pensionnats. Le mur du fond est recouvert d’une image de forêt carbonisée. Les textes ne sont plus écrits en vert sur fond blanc mais en rouge sur fond noir. La luminosité est abaissée et le sol recouvert d’une moquette plus épaisse. Symboliquement, la lumière revient dans la dernière salle, consacrée à l’espoir d’une réconciliation.

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Musée McCord Stewart, exposition Voix autochtones d’aujourd’hui : savoir, trauma, résilience – Photographies : RV

 

Si l’effet scénographique est particulièrement saisissant dans l’exposition du Musée McCord Stewart, on remarque des similitudes dans celle du Musée canadien de l’histoire. La hauteur sous plafond est abaissée au moyen d’un voilage noir, donnant la même impression d’un espace resserré et confiné. Est-ce une façon d’évoquer l’enfermement des élèves ou une manière de créer une atmosphère propice à une rencontre intime et émotionnelle avec des témoignages puissants ?

Troisième parti-pris : positionner le discours muséal par un ton entre neutralité et engagement

C’est peut-être dans les textes que le musée s’expose le plus : c’est lui - à travers la plume des commissaires, conservateurs ou muséographes - qui s’exprime, et qui prend le risque de choquer, d’heurter. Le ton du discours muséal est donc particulièrement révélateur du positionnement de l’institution. A ce titre, comparons deux partis-pris de rédaction différents, autour de la même thématique des pensionnats.

Au Musée McCord Stewart, le visiteur peut lire un texte intitulé « Enfants dévastés, parents dévastés » dont voici un extrait :

« De toutes les pertes incessantes que nous avons subies à la suite de la colonisation, celle de nos enfants fut la plus dévastatrice. […] Avec l’esprit colonialiste, religion, éducation et services gouvernementaux sont devenus de puissants outils d’assimilation alors que leur vocation première aurait dû être d’assurer l’épanouissement de nos communautés comme pour le reste de la population. »

Le musée de la Civilisation à Québec, dans son exposition permanente intitulée C’est notre histoire, tient, lui, ce discours :

« L’instruction comme solution au « problème indien ». C’est dans une optique d’assimilation que sont créés au Canada, à compter des années 1840, des pensionnats autochtones. La politique qui en découle repose sur la prétendue supériorité de la civilisation européenne et de la chrétienté. Pour élever les Autochtones à la « condition civilisée », le gouvernement du Canada compte sur un projet d’éducation en trois étapes : la séparation du milieu familial et culturel, la socialisation de l’enfant dans le pensionnat et l’émancipation par l’assimilation. Ainsi, la séparation est jugée nécessaire pour contrer l’influence de la famille de l’enfant autochtone. Le pensionnat, lui, est vu comme un milieu global de resocialisation. Un cadre « civilisé » où l’enfant fait des apprentissages exempts de toute trace de cultures autochtones. »

La différence de ton est particulièrement notable dans les exemples ci-dessous. Le ton engagé du musée McCord s’explique par le fait que l’exposition donne la parole aux Autochtones, une décision symboliquement forte pour ne pas renouveler la violence de l’appropriation territoriale et culturelle en prenant la parole à la place des personnes concernées. C’est aussi une façon de remettre en cause l’idée d’une nécessaire neutralité du musée : au contraire, il met en avant un point de vue engagé.

Le musée de Québec n’évoque pas la douleur des enfants mais des objectifs et justifications du système. Même si le musée prend des distances, par exemple en mettant certains mots problématiques entre guillemets pour montrer qu’il ne partage pas cette vision, c’est bien le point de vue des colonisateurs qui est donné. Cette critique fait écho à la question plus générale de « qui parle ? » dans l’exposition C’est notre histoire, une question posée notamment par Desmarais et Jérôme dans leur analyse de l’exposition (Desmarais, L. & Jérôme, L. (2018). Voix autochtones au Musée de la civilisation de Québec : les défis de la muséologie collaborative. Recherches amérindiennes au Québec, 48(1-2),121–131. https://doi.org/10.7202/1053709ar)

Quatrième parti-pris : donner la parole aux personnes concernées

Les témoignages – dans ce cas d’anciens élèves des pensionnats – peuvent résoudre la difficulté du ton du discours muséal, tout en apportant de l’humanité et de la sensibilité au contenu de l’exposition. Les personnes concernées ne sont-elles pas les mieux à même de raconter l’histoire des pensionnats ?

La présence de témoignages est un élément récurent dans les expositions visitées. Ils sont parfois écrits, parfois être audio ou vidéo : la voix du témoin est un véhicule efficace pour les émotions, provoquant ainsi l’empathie du visiteur.

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présentation des témoignages : écrits au Musée McCord, audio et vidéo au Musée de la Civilisation de Québec – Photographies : RV

 

La particularité du musée de Gatineau est de présenter des témoignages de différents acteurs opposés : de nombreux témoignages de survivants, mais aussi une citation de Sir John A. Macdonald, premier ministre canadien (« Les enfants indiens devraient être retirés le plus possible de l’influence de leurs parents. ») ou encore de la juge Beverley McLachlin (« Le Canada a commis un « génocide culturel » envers les populations autochtones avec une politique comme celle des pensionnats indiens, qui avaient pour but premier d’éradiquer les langues et les cultures des nations préexistantes »). Par ce choix, le musée évite de porter lui-même un discours engagé (comme le fait le musée McCord), en préférant offrir un lieu de dialogue imaginaire aux différentes opinions. La question se pose cependant : toutes les voix doivent-elles être portées au musée ? Comment le musée peut-il se dissocier de propos choquants tout en les présentant ?

Cinquième parti-pris : convoquer l’art contemporain

Les musées ont à leur disposition des objets et documents d’époque pour présenter les pensionnats, comme des photographies, des cahiers d’écolier et même des vidéos. Cependant, les trois musées visités ont fait le choix de présenter des œuvres d’art contemporaines pour révéler, d’une manière différente, l’histoire des pensionnats. Dans l’exposition C’est notre histoire est présenté un collage intitulé God Was a Victim Too. L’artiste Glenna Matoush utilise les photographies d’un enfant avant et après son entrée en pensionnat, montrant la violence de l’assimilation. Le titre est une critique de la justification religieuse donnée par le pouvoir colonial. Le choix d’une œuvre engagée pour apporter un contenu critique, sans que le musée ne le porte directement dans son discours, rappelle l’étude menée par Gaëlle Crenn au Musée royal d’Afrique central de Tervuren, en Belgique. Dans « La réforme muséale à l’heure postcoloniale. Stratégies muséographiques et reformulation du discours au Musée royal d’Afrique centrale (2005-2012) », elle évoque cet usage de l’art contemporain qui permet de « prendre en charge la dimension critique du discours et de l’articuler étroitement au discours institutionnel. »

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photographie de l’œuvre God Was a Victim Too de Glenna Matoush, exposée au Musée de la Civilisation de Québec – Photographies : RV

 

Sixième parti-pris : savoir se remettre en question

Après avoir remis en cause l’idée de neutralité du discours muséal, on peut questionner un autre pilier de l’institution : celui d’une prétendue vérité à rechercher au musée. Nous, visiteurs, avons tendance à prendre ce que nous dit le musée pour une « parole d’évangile ». Pourtant les professionnel.le.s des musées, en tant qu’acteurs de recherche et de transmission, peuvent fournir des données erronées ou incomplètes d’un sujet, aussi honnêtes et compétents soient-ils. Ils le sont peut-être même davantage quand ils savent se remettre en question et inviter les visiteurs à faire de même.

Ainsi, le musée canadien de l’histoire donne une bonne image, quasi archéologique, des différentes étapes de connaissance et de présentation du sujet des pensionnats autochtones.
Un premier espace nommé « Salle des premiers peuples », inauguré en 2003, traitait la question des pensionnats. On peut y lire un avis alertant sur le caractère daté de la présentation : « Cette section porte sur les pensionnats autochtones. Elle reflète l’état de la recherche et des engagements avec les communautés autochtones au moment de la conception de la salle des Premiers Peuples ».
Le musée invite alors le visiteur à se rendre dans la Salle de l’histoire canadienne qui présente une vision plus actuelle.
Cette salle, bien qu’inaugurée en 2017, est elle-même rendue potentiellement anachronique par les dernières découvertes. Le musée est totalement transparent sur le sujet, grâce à l’écriteau suivant :
« Travaux en cours
A la suite des travaux menés confirmant l’emplacement de tombes anonymes sur les sites d’anciens pensionnats autochtones, le Musée canadien de l’histoire poursuit son travail avec les survivantes, les survivants et les communautés autochtones afin de mettre à jour cette section. Le nombre de décès indiqué dans le texte de l’exposition est tiré du rapport final de la Commission de vérité et réconciliation. Celui-ci sera ajusté au fur et à mesure que les recherches se poursuivront
. »

Ici, le musée reconnaît son incapacité à décrire avec certitude l’histoire des pensionnats autochtones. Cette précaution est d’autant plus importante dans le cas d’un passé traumatique.

Conclusion :

Ces quelques partis-pris muséographiques montrent comment les trois musées québécois visités s’emparent du sujet sensible des pensionnats autochtones. Cet exemple révèle la complexité inhérente à la muséologie décoloniale : il est loin d’être évident pour le musée, qui porte en lui bon nombre des héritages de nos sociétés coloniales, de se confronter aux épisodes les plus sombres du passé pour participer au travail de réconciliation. Cela nécessite pour le musée de s’engager dans un processus large de décolonisation, qui passe par exemple par la déclaration de reconnaissance territoriale – le fait de préciser que le territoire du musée n’a jamais été cédé par voie de traité par ses occupants d’origine-, par l’intégration de professionnel.le.s issu.e.s des communautés autochtones – Jonathan Lainey est, depuis 2020, le premier conservateur autochtone en charge de la collection d’art autochtone du Musée McCord - ou encore par l’intégration des communautés dans la conception des expositions. Cette démarche est applicable à toutes les étapes de la vie de l’exposition, de la conception – à titre d’exemple, la Boîte Rouge Vif, spécialisée dans la transmission de la culture autochtone, aide les musées à mettre en place des processus de co-conception d’exposition – à la médiation auprès des publics – voir à ce sujet la conférence du Musée de la civilisation « Sujets sensibles : préparer une visite commentée » accessible sur Youtube.

Tout cela peut sembler bien compliqué. Ce défi est pour le musée à l’image d’un champ de rose dont il serait le jardinier. Il peut s’y piquer et même s’égratigner, mais aussi, à force d’efforts et d’habileté, faire éclore de belles réalisations, justifiant ainsi son rôle majeur « au service de la société » donné dans la nouvelle définition de l’ICOM.

Raphaëlle Vernet

Pour découvrir les trois expositions analysées :

Pour aller plus loin dans la réflexion décoloniale autour du musée et des expositions, voir l’article de Gaëlle Crenn sur le Musée royal d’Afrique centrale de Tervuren dans la revue Culture et Musées en 2016 : https://doi.org/10.4000/culturemusees.866

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