Imaginez, le Louvre, sans aucune file d’attente, sans passage de sécurité ; mais aussi le Louvre, pour votre cérémonie de mariage…Science fiction, rêve, souhait, non, tout simplement Zola !

Page de couverture du roman
© psychiatrie.histoire

 

Dans L’Assommoir[1], Emile Zola, nous invite à parcourir l’un des plus grands musées du monde, en quelques minutes. Sous les mots se dessine une incroyable et inattendue visite…

« Gervaise Macquart se marie avec Coupeau, c’est un petit mariage, fait à la hâte, avecles amis proches et la famille. A la suite de cela, la noce décide de partir faire une balade …

Mais voilà, un orage qui arrive et le cortège transforme sa promenade bucolique en visite culturelle. A quelques mètres se trouve le Louvre, alors pourquoi ne pas s’y rendre …

A la tête du cortège, Monsieur Madinier, qui est déjà venu plusieurs fois. Il les mène à travers les salles, où la noce laisse son imagination s’échapper.

[…] « En bas, quand la noce se fut engagée dans le musée syrien, elle eut un frisson.Fichtre ! Il faisait chaud ; la salle aurait fait une fameuse cave » […]

Les œuvres se suivent et défilent devant leurs yeux. Le cortège continue sa visite en se rendant au 1er étage, où Monsieur Madinier les emmène devant le Radeau de la Méduse, qu’il affecte plus particulièrement.

[…] « Boche résuma le sentiment général : c’était tapé. » […]

La noce continue alors dans les autres salles, avec des yeux émerveillés mais aussi sous des regards amusés et interrogateurs des autres visiteurs,voyant un tableau, bien, inaccoutumé se déplacer devant eux.

[…] « Peu à peu, pourtant, le bruit avait dû se répandre qu’une noce visitait le Louvre : des peintres accouraient, la bouche fendus de rire ; des curieux s’asseyaient à l’avance sur des banquettes, pour assister commodément au défilé ; » […]

Représentation du Louvre en 1878
© La Muse au musée

 

Emile Zola, nous fait découvrir ici, le Louvre à une autre époque où les copistes venaient, encore, armés de leur chevalet, croquer et recopier les grands de ce nom.

[…] « Mais ce qui les intéressaient le plus, c’était encore les copistes, avec leur chevalet installés parmi le monde, peignant sans gêne ;  » […]

La Joconde était exposée le plus simplement du monde, adieu gardiens, sécurités et touristes ; elle était visible et accessible.

[…] « Coupeau s’arrêta devant la Joconde, à laquelle il trouva une ressemblance avec une de ses tantes.» […]

L’Assommoir nous permet de pouvoir imaginer le musée d’un autre temps, comme cela pouvait être plaisant de ne pas programmer une visite et venir quand bon nous semble ou à cause d’une simple averse. Ainsi que le ravissement de déambuler juste déambuler et musarder à travers les œuvres.

Illustration du roman :
Les noces dans le Louvre
© L’Assommoir illustré

 

Cependant, il est intéressant de découvrir, que certaines impressions et questionnements restent les mêmes à notre époque.

[…] « Ils suivirent l’enfilade des petits salons, regardant passer les images, trop nombreuses pour être bien vues. Il aurait fallu une heure devant chacune, si l’on avait voulu comprendre. Que de tableaux, sacredié !  » […]

On y retrouve même le questionnement sur la présentation des tableaux qui, de nos jours, continue de faire quelques controverses et nous rappelle que la pratique du cartel est somme toute bien récente.

[…] « Gervaise demanda le sujet des Noces de Cana ; c’était bête de ne pas écrire les sujets sur les cadres. » […]

Découvrir un musée à travers ces mots, est ici, tout aussi évocateur qu’une visite. Notre imagination dessine les œuvres et les espaces au fur et à mesure et l’on y redécouvre le Louvre et ses collections. Il nous faut juste quelques instants de lecture pour nous transporter dans cet ancien palais…

 

Margaux G.L

Lien vers le texte

Le Louvre


[1] L’Assommoir : Roman consacré au monde ouvrier d’Emile Zola de 1876. Il décrit la langue, les mœurs et les ravages (misère et alcoolisme) de ce milieu social.