Aujourd'hui j'ai eu rendez-vous pour un contrat de professionnalisation. Dans le milieu culturel c'est assez exceptionnel pour me donnerle prétexte de rédiger un article.

Un contrat pro, cela signifie une vraie mission, le temps de la réaliser, un salaire décent (ça se prend!) et l'espoir d'être embauchée à la fin.

Du coup, depuis une semaine, je me prépare et je trépigne d'impatience. J'ai donc décidé de partager cette expérience avec vous. On ne sait jamais ça peut servir !

Mode d'emploi en trois leçons.

         1. Qu'est-ce qu'un contrat de professionnalisation ?

Le destinataire :

Le contrat de professionnalisation est destiné à trois types de bénéficiaires :

✔    les étudiants de 16 à 25 ans révolus

✔    les demandeurs d'emploi âgés de 26 et plus

✔    les bénéficiaires de certaines allocations ou contrats

L'objectif :

Le contrat permet au bénéficiaire d'acquérir une qualification professionnelle ou de compléter sa formation initiale en vue d'accéder à un poste déterminé dans l'entreprise.

Cette définition inclut l'idée que le contrat débouche sur une embauche. Il représente donc une véritable opportunité pour un jeune diplômé entrant fraîchement sur le marché du travail.

La durée :

Le contrat peut être conclu pour une durée de 6 à 12 mois (voir 24 mois sous conditions particulières). Durant cette période, le bénéficiaire occupe un poste défini et mène à terme différentes missions.

Cette expérience est extrêmement valorisante sur un C.V. puisqu'aux yeux d'un futur employeur il signifie que son bénéficiaire a occupé un poste comme salarié.

Un accès à la formation :

Le contrat est accompagné obligatoirement d'un accès à la formation. Cette dernière peut être mise en place par un organisme public ou privé, ou par l'entreprise elle-même. Sa durée est comprise entre 15% et 25% de la durée totale du contrat, et ne peut être inférieure à 150 heures. Cette formation implique qu'un tuteur encadre le bénéficiaire dans les missions qui lui sont dévolues au sein de l'entreprise mais également pour le suivi de sa formation.

La rémunération :

Ici encore, le contrat est intéressant. Les 16/25 ans sont rémunérés en pourcentage du SMIC selon leur âge et leur niveau de formation, et ne peut être inférieur à 55% du SMIC. Les plus de 25 ans quant à eux, ne peuvent percevoir une rémunération inférieure au SMIC et à 85% du salaire minimum conventionnel. Du côté de l'employeur, il permet d'accéder sous certaines conditions à une exonération de cotisations patronales ainsi qu'à de nombreux avantages tel que le remboursement des frais de formation.

              2. La préparation : envisager toutes les possibilités

Si aucune solution toute faite ne permet de préparer au mieux son entretien, à mon sens quelques règles peuvent cependant être respectées.

Tout d'abord connaître sur le bout des doigts la législation concernant le contrat pro. (voir site dugouvernement). En effet, il n'est pas certain que l'entreprise que vous rencontriez sache réellement ce que signifie ce type de contrat, ou ne le confonde avec un contrat d'apprentissage. De plus malgré une législation longue et relativement barbante, certaines conditions du contrat ne sont pas précises. C'est le cas notamment de la rémunération. En effet aucune grille n'est disponible pour savoir à quel salaire vous pouvez prétendre en fonction de votre niveau d'études. Même s'il est bien entendu impossible d'établir une grille fixe, il aurait été intéressant que le gouvernement fixe un pourcentage fixe par rapport au salaire du poste occupé.

Ensuite comme pour un stage, il est indispensable de connaître : le secteur d'activité de l'entreprise, ses missions, son organigramme, mais également ce que réalise la concurrence. Si vous avez la possibilité de connaître l'intitulé exacte du poste, il est indispensable de se renseigner sur les missions qu'il entraine, la formation classique de ce poste, la rémunération standard, etc. Ces connaissances vous permettront d'être actif lors de l'entretien et de transformer vos particularités en forces si votre cursus est différent du cursus standard (ce qui est mon cas).

Personnellement je me suis préparée encore plus méticuleusement pour cet entretien que pour mes candidatures en stage, en master ou à des bourses d'état. En effet le contrat pro. ne peut être conclu que dans le secteur privé, ce qui exclut donc une grande majorité des structures embauchant dans le domaine culturel. Il est souvent méconnu, ce qui peut entrainer quelques craintes du côté de l'employeur. De ce fait j'ai vraiment considéré cet entretien comme une chance exceptionnelle et j'ai redouté la concurrence.

Après avoir travaillé le contenu de l'entretien, j'ai travaillé ma prestation. Aujourd'hui sur le web vous pouvez trouver des dizaines de vidéos réalisées par des coachs : « Parlez-moi de vous, que répondre à cette question ? », « Entretien d'embauche : jeune diplômé » ou encore « Langage corporel et non verbal, les gestes qui trahissent ». D'accord les titres sont racoleurs, le format fait très école de com' et l'on peut craindre que ce genre de conseils ne soit que peu adapté au secteur culturel. Cependant ces vidéos ont trois mérites : se préparer au cas où votre futur employeur est un sadique posant des questions complètement tordues et sans aucun intérêt pour le poste ; réfléchir à de véritables questions et vous apprendre à vous mettre en valeur ; vous détendre en ayant l'impression que vous avez tout fait pour vous préparer au mieux. Personnellement ayant eu sous la main quelqu'un d'assez sympa et tordu pour simuler avec moi un entretien, je l'ai répété plusieurs fois pour parer à toutes éventualités.

3.  Nouveau look pour un nouveau job

La veille au soir j'ai entré l'adresse de l'entreprise dans mon GPS et j'ai préparé ce que j'allais mettre. Cela peut paraître trivial, mais pour moi c'est essentiel. Votre tenue est la première impression que vous allez donner à celui qui sera votre futur employeur. Lors de ma formation en droit, la question était beaucoup plus simple : tailleur ou costume de rigueur ! Lorsque j'étais en histoire de l'art, chacun s'habillait comme il le voulait et ça ne choquait jamais personne (hormis peut-être moi). Mais pour une entreprise dans le domaine culturel ? Certes on ne doit pas avoir un look de banquier, mais on ne doit pas non plus adopter celui d'un hippie. Du coup j'ai essayé de repenser à tous les interlocuteurs que j'ai rencontré dans ce secteur. Le plus souvent ils étaient habillés de manière assez classique, mais avec un élément original. Du coup j'ai opté pour un tailleur mais avec une veste décalée. Je me sens à l'aise dans cette tenue, et s'il ne faut retenir qu'un conseil en terme vestimentaire, c'est bien celui-là : se sentir bien, voire jolie, inconsciemment ça permet d'avoir confiance en soi. Personnellement je pousse le vice jusqu'à avoir des sous-vêtements fétiches et des chaussettes sans trous, même si personne ne les voit !

J'ai aussi préparé mon sac avec mon carnet de note (pour réviser dans la voiture parce que je savais que je serai très en avance), un crayon présentable : ni rose fluo, ni mâchouillé, ni publicitaire. J'en prend toujours un second au cas où on interlocuteur n'en aurait pas sous la main. Dans une chemise au nom de l'entreprise j'ai rangé mon C.V. et ma lettre de motivation, une fois encore au cas où mon interlocuteur ne les aurait pas imprimés. Je vous conseille également d'imprimer la documentation relative au contrat de professionnalisation, ainsi que la plaquette de votre formation. Si vous avez un book relatif à vos différents projets, pensez à le prendre, ça permettra de valoriser votre expérience.

Ensuite je me suis fait une petite séance de sophrologie pour m'endormir calmement, et éviter de répéter l'entretien toute la nuit. Bon je sais, dit comme ça, ça fait un peu bobo, mais ça marche pour moi. Après à chacun sa solution : sport, lecture, série TV, un petit verre de rhum …Enfin tout ce qui vous permettra de passer une bonne nuit.

Le matin, je me suis laissée plus de temps que d'habitude pour prendre un véritable petit déjeuner, afin d'éviter que mon ventre ne gargouille durant tout l'entretien. J'ai prévu une demi-heure de battement avec l'horaire prévu, résultat comme d'habitude j'ai attendu dans la voiture. Au final cela m'a permis de relire quelques notes. Deux minutes avant l'heure prévue j'ai respiré un grand coup, j'ai croisé les doigts et j'ai sonné à la porte.

Au final l'entretien a duré une heure, j'étais contente de l'avoir préparé autant même si mon interlocuteur ne m'a pas posé de questions pièges. J'ai mis en avant mes qualités, mais n'ai pas menti sur les sujets que je ne connaissais pas. Comme le conseillait la vidéo sur youtube j'ai fait attention de ne pas jouer avec mes mains ou avec mes cheveux.

Au sortir de là, j'étais plutôt contente de ma prestation et avais un bon pressentiment. J'espère donc que mon prochain article sera un guide de survie pour gérer un contrat pro, une formation prenante, un projet tuteuré, un mémoire, et une vie sociale !

Marion Boistel

Pour de plus amples informations sur les conditions d'accès au contrat pro :

http://travail-emploi.gouv.fr/informations-pratiques,89/les-fiches-pratiques-du-droit-du,91/contrats,109/le-contrat-de-professionnalisation,992.html

Pour regarder des vidéos rigolotes mais tout de même instructives sur la manière de préparer un entretien :

https://www.youtube.com/watch?v=AYtAhi-YE9U

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